Conflit intergénérationnel
écrit par Maxime Conjard


      
I


Le fouet claqua, la créature hurla, ses liens l’empêchèrent de tuer ses geôliers. A proximité, Ischta, un humanoïde aux traits aquilins, portait l’insigne des chasseciels. Sa monture était torturée devant ses yeux en guise de châtiment.



Elle avait était capturée lors du raid Golgari sur les Boros, nombre des membres de son équipe avaient péri durant l’assaut, et elle, s’accablant de lâcheté, se retrouvait, ici, prisonnière, refusant la mort qui l’attendait, espérant un secours qui n’arriverait jamais.

Ses tortionnaires l’avaient fait garder par une escadre d’elfes de l’ombre profonde et par un mage Golgari. Il était en pleine transe, une aura noire émanait de cet horrible personnage. Quant à eux, les elfes, arc à la main se tenaient, sévères et droits, devant la porte de la geôle.

L’alerte vint de la droite, un elfe tomba raide, mort. Un couteau orné joliment sa carotide et tel un saint, une auréole cramoisie se forma autour de la gorge du malheureux. Le même sort fut réservé à deux de ses compagnons. Soudain, un homme en armure chargea, l’antique sabre à la main, découpant net deux autres créatures. D’autres poignards eurent raisons d’une paire d’elfes s’apprêtant à tuer la captive. Les armes provenaient d’un samouraï, un masque cachait son regard, un long voile faisait de même pour le reste de son visage. Seule une longue queue laissait pourtant apparaître qu’il appartenait à l’ordre du rideau pale.
Ses membres étaient conditionnés dès la plus jeune enfance pour devenir des commandos, agiles, efficaces et surtout faisant preuve d’une absence totale de conscience car le travail qu’on leur demandait n’était pas toujours d’une absolue blancheur.



L’homme en armure, appartenant aussi aux samouraïs, faisait partie des chevaliers. Contrairement aux rideaux pales, ils vivaient dans l’honneur. Ils accordaient une très grande importance à la parole donnée. Ils étaient entièrement dévoués à leur cause. Leur loyauté aveugle étaient pour eux, leur force, pour leurs ennemis leur faiblesse. En attendant celui se battait avec fougue et une élégance que seul cet homme là pouvait avoir.

Stupéfié, il semblait que ses coups ne portaient plus. Les elfes ne subissaient plus les dégâts fait spar son arme.

Le mage noir en était la cause. Le mana de la même couleur tournait autour de lui, s’agitait, se mouvait, tel un serpent. Il avait lancé un sort, pour protéger les elfes des attaques physiques. Umn, qui avait vu de nombreux magicien à l’œuvre, se rendit compte que le mage était en train d’en lancer un nouveau, certainement pas pour faire pousser un joli parterre de fleur.



Il chargea, tout en sachant qu’il serait trop court, en se récitant la prière des chevaliers tombés. Il attendit les effets du sort, qui ne vint pas. Au contraire, une éblouissante lumière blanche assaillit le Golgari et le propulsa contre un mur, ses articulations formant un angle qui n’avait rien de naturel.

Une fois la lueur dissipée, émergea un mage boros, une puissante aura émanait de celui-ci, cette fois ci plus saine. Il était grand, les cheveux d’un rouge terni montrant un age assez avancé, longiligne, il paraissait de stature fébrile mais personne ne se serait risqué à le lui faire remarquer, de peur qu’il n’entre dans une colère blanche, qui bien que d’une couleur qui se voulait pure et noble, n’aurait pas était sans effet sur son exutoire.



Lançant une boule feu qui carbonisa les derniers ennemis encore de ce monde, il vit du coin de l’œil une lame se diriger droit vers Ischta… Celle-ci détacha la prisonnière de ses entraves, et d’un geste gracile, elle monta sur le dos de sa monture précédemment détachée. Elle s’éleva dans les cieux. A grand battement d’ailes, elle se dirigea vers la base boros.



Les trois personnages restant, Umn, Halasko (le magicien), et Haiko (le samouraï du rideau pale) Furent téléportés au même endroit qu’Ischta grâce à un sortilège de mage.


II


Ils étaient tous les 4 assis autour d’une table, une chope de bière à la main discutant de tout et de rien.
La léonine, vilainement amochée était entourée de bandages au niveau du dos et des épaules. Son âme, son être, réclamaient vengeance pour ce qu’on lui avait fait subir durant sa captivité. Ses muscles, contrits et douloureux, réclamaient repos et tranquillité.
Ses compagnons, quant à eux avaient des avis divergeants.
Umn, réfléchi et posé, prônait une passivité qui ne convenait pas à Haiko, tueur né, il était au service de ce que quelque simple d’esprit pourrait appelé le Bien. Impulsif, il voulait mettre un terme au conflit golgario-borosien.
Ce conflit durait depuis la nuit de temps, et comme la plupart de guerre de ce type, ceux qui la faisaient ne savaient pas ce pourquoi ils se battaient, on leur avait dit depuis leurs plus tendres enfances que les Golgaris étaient des êtres sanguinaires et sans aucune conscience, et même si les Samouraïs du rideau pale en étaient aussi dépourvus, ils tuaient pour une cause qui se doit, au moins à eux, paraître juste.

Halasko, lui, comme à son habitude parlait par énigme, comme si l’avenir lui appartenait. Ses réflexions avaient toujours intrigué ses compagnons de fortune, ou d’infortune selon les points de vue, mais ses ordres étaient toujours exécutés avec la plus grande application.
En l’occurrence, il restait neutre. Néanmoins, une flamme brillait dans ses yeux, cette lueur reflétait une non maîtrisable envie de pouvoir.

Quand Ischta fit connaître ses intentions, personne ne s’en étonna. Elle obtient immédiatement le soutient d’Haiko, celui d’Umn fut plus difficile à avoir. Ses pensées étaient en contradiction, son pacifisme n’était pas en accord avec l’idée de la guerrière qui voulait, via une opération commando pour éliminer Savra la reine des Golgaris, celle qui avait voulu torturer puis sacrifier Ischta et sa monture pour d’obscures manipulations. A l’inverse, sa loyauté indéfectible à l’égard de ses compagnons lui dictait la conduite à suivre. Finalement, après s’être questionné maintes et maintes fois sur la décision à prendre, son cœur plutôt que sa raison le guida vers son choix. Il serait de l’aventure.

Le mage, ils le savaient tous, ne s’engagerait dans cette aventure que si elle pouvait lui apporter un quelconque savoir, une quelconque puissance. Il examina la situation sous tous les aspects possibles et imaginables, il prit en compte des facteurs que seul lui-même pouvait connaître. Il estima ses chances de survies, faibles, très faible au point d’enlever le « s » à faible. Malgré tout, il fit connaître son approbation. Il devait y avoir quelque chose de vraiment important à obtenir pour qu’Halasko accepte.

Les préparatifs pour l’expédition furent prompts. Ils s’infiltreraient dans la forteresse à la tombée de la nuit. Les lames furent affûtées, les sorts étudiés, et leur détermination dopée.

Mais avant, il devait prévenir le haut conseil de leur tentative. Cette assemblée décidait de ce qui devait être fait ou non.
Umn fit un discours éloquent, sur l’honneur des chevaliers il jura que la mission serait une réussite.
Ils n’avaient pas le choix, si la mission échouait, comme le haut conseil les prévint, si l’ennemi ne les tuait pas, ils seraient déchus de leurs titres et exécutés, leurs cadavres seraient amenés à pourrir sur la place publique. Le conseil n’avait pas le choix. Il ne pouvait soutenir une pareille action, elle serait clandestine et en cas de succès accueillie avec le respect qui serait de mise. Si il déclarait la mission officielle, et qu’elle échouait, il serait déshonoré, et un nouveau conseil serait, avec l’accord du peuple, mis en place.

Ischta et ses compagnons se trouvaient devant la forteresse. Le soleil se couchait faisant pleuvoir des larmes d’un rouge doré sur les lointaines montagnes. Les rayons mourrant de l’astre ne réchauffaient plus le groupe, et le jour faisait progressivement place à la nuit.

La porte principale, haute d’au moins 20 pieds, était faite d’un bois venant apparemment des forêts elfiques, au nord par delà les montagnes. Elle était consolidée par un mélange de platine et d’argent qui luisait à la clarté lunaire.

A l’approche de la porte, un terrible sentiment saisit l’éclectique commando. La porte, mis de coté son imposante stature, procurait une effroyable sensation de peur. Une terreur froide saisissait quiconque l’approchait, racontaient les légendes, et, disaient-elles, seules les suppôts du mal pouvaient y pénétrer. Tels étaient les pouvoir des mages noirs de la forêt.

Halasko inonda ses compagnons de la chaleur d’un sortilège de carboniser qu’il avait rendu inoffensif par une quelconque manipulation. Cela leur redonna courage et ils partirent à l’assaut de la terrible maison du mal.



A quelque mètres à peine de leur objectif, une voie hideuse les interpella :
Ne bougez plus, ou il en sera fait de vous et de vos vies !

L’être qui avait prononcé ces paroles mesurait un peu moins de 7 pieds, avait des écailles qui lui recouvraient le corps et était suivi d’un bataillon en arme.

Ils avaient été trahis…