L'Ultime Purge
Chap. I : Prémices
écrit par Maxime S.


      

L'auteur a écrit :
Note importante : Ne cherchez aucune cohérence entre ce texte et la storyline Magic, il n'y en a pas. Simplement quitte à trouver des noms, autant prendre ceux de magic non ? Donc oubliez la Storyline quand vous lisez cet article :)

Chapitre 1 : Prémices

L'aube se levait, paresseusement, comme si elle redoutait la venue de ce jour terrible qui s'inscrirait à jamais dans la mémoire des vivants ; telle une implacable réminiscence se transmettant de génération en génération jusqu'à la fin des temps... Une journée porteuse des germes d'un changement violent et irrésistible marqué par le sceau d'un funeste destin.

La lumière émergente du soleil révélait la beauté de la plaine de Tsaroth, frontalière au Royaume de Kjeldor. Elle était bordée à l'est par le lac supérieur de Tissandre ; dans lequel se jetait perpendiculairement le fleuve Tissénien au débit très faible en cette période d'été, ce qui le faisait plus ressembler à une large et peu profonde rivière. Ce cours d'eau filait inlassablement le long des Montagnes Dentelées - nommées ainsi en raison du grand nombre de pics rocheux qui interdisaient tout passage au nord - et d'une chaîne de montagnes moins escarpée sertie de bas plateaux au sud. Le fleuve descendait la vallée, prenant sa source dans les montagnes loin à l'ouest, et se jetant dans le lac à l'opposé, en traversant horizontalement la plaine.

Ce paysage enchanteur et d'ordinaire si calme allait pourtant devenir le théâtre du plus effroyable carnage que ce monde ait jamais connu. Un carnage aux conséquences inimaginables... Et l'aube naissante en révélait les protagonistes.

- Profitons de la quiétude de ce lieu tant que nous le pouvons encore... soupira le Commandeur Gersifal, Grand Chef de la Coalition de La Justice ; il promenait son regard vide au hasard, perdu dans ses pensées.

La Coalition de La Justice regroupait plusieurs forces armées bien différentes qui ensemble formaient un curieux mélange. Le Commandeur avait été désigné unanimement comme chef de cette alliance de circonstance. Ainsi, il rassemblait entre autre sous ses ordres les troupes humaines de la Cité Blanche. La capitale du Royaume de Kjeldor, son pays natal, où il exerçait le rôle suprême de Général des Armées Kjeldoriennes avant d'être propulsé Commandeur. Ces valeureux soldats représentaient à l'heure actuelle la plus importante division armée de la Coalition, composée de 350 000 hommes. A cela s'ajoutaient les 10 000 têtes que constituaient les troupes d'élite du Royaume Elfe secret de la Yamivaya, les 35 000 guerriers nains d'un des 4 Royaumes Nains connus qui a pu rejoindre la coalition à temps. Enfin, environ 22 000 Centaures du clan Citalune originaires de la forêt de La Krosia, dont on distinguait les sylves verdoyantes qui s'étendaient derrière le lac et les Montagnes Dentelées, complétaient cet éventail des forces de contact Coalisées.

Outre ces troupes conventionnelles, le Commandeur disposait également de la présence salutaire de 1600 Sorciers et Mages, membres du Cercle des Guildes Bleues du lointain et mystérieux continent Ghildmage, qui parait-il s'étendait par delà l'Océan Méridional.

Ceux-ci s'étaient téléportés la veille au soir, leur arrivée donnant lieu à un important tumulte parmi les forces de La Coalition.

En effet quelle ne fut pas la surprise des Coalisés lorsque apparut soudainement plus d'un millier de mages dans une sphère bleue de mana. Une concentration de magie peu commune qui propulsait de puissantes ondes cinglantes, ceinturée de brumes qui masquaient tout ce qui se trouvait à l'intérieur. A la panique engendrée par cette soudaine et imprévue apparition succéda un énorme soulagement lorsque les mages déclinèrent leurs intentions, tout contents de l'effet que venait de produire leur arrivée.

Le Commandeur esquissa un sourire, il reconnaissait bien là les manières de faire de ces satanés mages, qui transpiraient la condescendance et l'arrogance, mais Gersifal était bien entendu prêt à faire l'impasse sur ces petits ''défauts''. Tant pis pour le manque d'aménité, il venait de recevoir le soutien de puissants alliés ; pourtant leurs motivations restaient encore bien obscures...

Et puis il disposait également du millier de Clercs membres de l'ancestrale Conclave de la cité Blanche, cet Ordre religieux plutôt ésotérique et tentaculaire possédait également la capacité de lancer certains sorts et enchantements. Leur présence ajoutée à celle des quelques druides Centaures formaient une sorte de contrepoids magique, une garantie au cas où les intentions de leurs nouveaux alliés providentiels s'avéreraient finalement

belliqueuses. De toute façon, le Commandeur avait déjà pris les mesures de sécurité nécessaires.

A ses cotés Valdius, le Haut Prélat et maître du conclave venait de le rejoindre :
- Commandeur, le conseil est assemblé, il ne manque plus que vous.

L'homme au crâne rasé et luisant était un peu essoufflé dans son habit de prêtre immaculé, il semblait également plutôt impatient, aussi le Commandeur lui emboîta le pas.

Les deux hommes descendirent la colline sur laquelle ils étaient montés, le visage marqué par la circonspection et encadrés par la Garde Royale de Kjeldor. Située au sud de la plaine de Tsaroth et à une dizaine de kilomètres du fleuve Tissénien, ce promontoire naturel fournissait de fait une vue dégagée de l'ensemble de la plaine. Ainsi l'on pouvait même apercevoir par delà le fleuve la formidable armée ennemie qui s'amoncelait pêle-mêle, dans une grande confusion. Ils étaient innombrables et cela faisait déjà des heures qu'ils arrivaient, toujours plus nombreux...

Le Commandeur se félicitait intérieurement, les Coalisés étaient parvenus avant leurs adversaires sur ces lieux, ils avaient donc été en mesure de choisir la disposition de leur campement et de leurs troupes, interdisant aux forces ennemies qui arrivaient du nord, encadrées par la lisière de La Krosia et les Montagnes Dentelées, l'unique passage que constituait la plaine dans cette région.

Ils pénétrèrent dans le campement aussi étendu qu'une ville, en direction de la tente de commandement qui accueillerait en son sein ce dernier conseil décisif. Gersifal observait ses hommes. Leurs regards étaient nerveux, leurs gestes trahissaient une excitation contenue. Ils étaient tous prêts, les armes brillaient, tout comme les armures et boucliers ; les couleurs de la Coalition et les étendards Kjeldoriens représentant un soleil sur fond blanc resplendissaient et pouvaient être levés à tout moment.

Le commandeur sourit :

- Eh bien mon cher Valdius on dirait que nos hommes ont hâte de combattre.

- Dans ce cas, Commandeur, je crains que leurs souhaits ne soient comblés au-delà de leurs espérances...

- Après vous.

Ils pénétrèrent dans la tente de commandement où siégeaient déjà tous les autres chefs coalisés, le Conseil allait pouvoir commencer.


***





Ils étaient tous là, autour de la grande table qui supportait la carte stratégique du futur champ de bataille, centrée sur la plaine.

A commencer par l'imposant Magnus ; druide et chef du clan Citalune, le vieux centaure arborait fièrement sur son torse et ses bras noueux de nombreux tatouages tribaux représentant sa sagesse et son expérience. Ces signes lui octroyaient respect et confiance de la part de son peuple. Il paraissait soucieux derrière sa barbe grise tressée.

A sa droite, le port hautain inhérent à son espèce, se dressait Elundra, représentante de la délégation d'élite Elfe de Yamivaya. Son corps était entièrement recouvert par une sorte de robe verte sombre à capuche et une longue cape brune cascadait de ses épaules jusqu'au sol ; on distinguait la présence d'équipements dans son dos, dissimulés par ses amples habits.

Décidément se dit le Commandeur, les Elfes tiennent vraiment à leurs secrets. Cependant, sa capuche étant abaissée pour le conseil, il put une nouvelle fois s'étonner de la couleur rouge foncée des longs cheveux de l'elfe et observer son joli visage altier. Il y constata la détermination et la confiance, il crut même y déceler un petit sourire en coin.

Venait ensuite Broken-Hart le Roi du royaume Nain qui les avaient rejoint. Le petit homme portait une armure qui bien qu'encrassée parvenait toujours à impressionner par sa finition, et l'alliage serti de matériaux précieux attestait du haut rang de son porteur. Le

nain ne parvenait pas à dissimuler sa nervosité derrière sa longue barbe rousse. Il ne cessait de bouger, dansant d'un pied sur l'autre. Ce comportement expliquait peut-être le sourire en coin de l'elfe...

Derrière lui, se tenait une masse vivante silencieuse, un titan d'au moins 2 mètres de haut, drapé dans un manteau encore plus noir que l'ombre du coin de la tente dans laquelle il demeurait. Nul ne pouvait apercevoir les traits de son visage ; son attitude et l'aura de puissance écrasante qu'il dégageait dissuadait de l'interroger sur sa présence au conseil. Le Commandeur frissonna, puissions nous ne pas avoir besoin de ses services... pensa t-il.

L'homme qui s'était mis au garde-à-vous lors de l'entrée du Commandeur était le Général Davrik, chargé de commander les 350 000 soldats de l'armée Kjeldorienne. D'age mûr et le teint hâlé, vêtu d'une simple armure légère à renforts de cuir et tissu, les cheveux grisonnants coupés courts et la mine grave, il avait su gagner le respect de ses hommes en tant que lieutenant par le passé ; aujourd'hui, son rôle était nettement plus important puisqu'il dirigeait la plus importante force de frappe de la Coalition. Le Commandeur avait toute confiance en ses capacités, après tout c'était lui qui avait recommandé Davrik.

Le dernier membre de cette assemblée, et accessoirement à l'avoir intégrée, était l'Archimage Elden' Nùvdor. Sa présence ne passait pas inaperçue, de fait dès que le Commandeur entra dans la tente, il sentit comme un mince poids invisible assaillir son esprit,

alourdir ses sens et ses membres, il connaissait cette sensation. La redoutable magie, qui s'échappait continuellement de l'Archimage en était l'origine, le mana restait quelque peu confiné sous la tente influant insidieusement sur ses occupants. De plus l'air semblait comme agité autour du vieil homme, il crépitait.

Gersifal frémit inconsciemment, la force qu'ils subissaient tous démontrait les formidables pouvoirs de l'Archimage. Celui-ci se tenait dignement, drapé dans une somptueuse toge scintillante où toutes les nuances de bleu se retrouvaient. Cependant, fait étonnant, aucune trace de sceptre ou de bâton de mage, probablement encore une preuve supplémentaire de sa puissance. On lisait sur son visage ridé cerclé par une crinière débordante et une longue barbe blanche la sagesse et la fierté. Le personnage inspirait immédiatement la déférence et l'admiration, il fixa de son regard bleu et pénétrant le Commandeur au moment de son entrée, avant d'incliner respectueusement la tête.

Le Chef de la Coalition lui rendit son salut puis il s'installa en face des autres chefs qui s'assirent ; à l'exception du Centaure et de l'homme gigantesque qui se tenait dans l'ombre et n'esquissait toujours pas le moindre mouvement ou son.

Le Commandeur prit d'emblée la parole :

- Nous sommes, malheureusement je pense, tous rassemblés ici pour la dernière fois. La bataille qui s'annonce est sans précédent, vous connaissez déjà les directives et stratégies que nous allons

appliquer dès l'issue de ce conseil, mais avant de les rappeler rapidement, nous devons prendre en compte un nouvel élément.

Il se tourna vers L'Archimage, l'air insistant.

Le vieil homme se leva, propulsant du même coup une onde de mana qui fit tressaillir et palpiter le coeur des occupants de la tente...

- Pour commencer, je m'excuse pour la pression magique que je vous fait subir continuellement, j'essaye pourtant de la résorber un maximum, mais nous les mages n'avons guère l'habitude de côtoyer des êtres si... hum... faibles, par rapport aux influences du mana. Mais ne vous inquiétez pas, vos corps et esprits devraient s'habituer rapidement. Ensuite et avant toute chose je me présente, Elden' Nùvdor Archimage Superieur, je préside le Conseil du Cercle des Guildes Bleues, qui regroupe les 6 Archimages les plus sages et prépotents des 6 guildes les plus éminentes du continent de Ghildmage. je pourrais résumer en disant que je suis un des plus puissants magiciens des terres connues.

- Nous apprécions d'autant plus de vous savoir notre allié, avoua le Commandeur, mais expliquez nous la raison de votre soudaine présence parmi nous ?

Le mage soupira.

- Les raisons sont multiples et beaucoup trop complexes pour vos entendements, cependant sachez que la présence de notre... hum... délégation, est exceptionnelle, et seules d'extrêmes circonstances peuvent l'expliquer. Je me dois de vous révéler l'existence d'une de nos plus anciennes prophéties parmi les plus... hum... plausibles et inquiétantes, écrite il y a bien des éons par un ancêtre mage et prophète à l'époque considéré comme excessif dans ses prédictions.

L'Archimage ferma les yeux, adoptant un visage absent, et commença la récitation du présage intitulé '' L'Ultime Purge '' qui sonna comme une invitation à l'accablement et au désespoir.

D'une construction bicéphale et maladroite, émergera une nécessité profonde et absolue :
une purification fracassante et définitive dont seuls sortiront indemnes les élus ;
qui rétablira l'unité maintes fois approuvée, marquant l'achèvement d'une aberration déchue...

Quand le heurt intrinsèque à la dualité plénière résonnera,
tout ce qui constitue le réel connu inéluctablement subira,
l'altération de ses éléments, qui d'un passé révolu sonnera le glas.

Cette vaste catharsis déterminée par l'impénétrable Sphère des Hauts verra l'avènement d'un ordre édifié sur les cendres du chaos ;

car une finalité enfin purifiée sur d'humbles sacrifices prévaut.
Passé, présent et futur mélangés dans la spirale des possibles fins,
engendreront l'enchevêtrement ultime dont la clef est l'humain,
source d'un déchaînement qu'il tentera de comprendre, en vain.

Les vivants verront leurs pâles intellections submergées par ce tourment,
et ils s'engageront dans la valse, inconscient de l'ampleur des événements ;
ce choc titanesque aux auspices aveugles, verra le triomphe des justes ou des déments.

Alors les fondements même de la vérité vacilleront et se soumettront au gré,
d'un des deux osts fondateur qui péniblement de l'autre aura triomphé,
ce grand vainqueur émérite verra alors sa loi et volonté régner.


Quand il eut fini, l'attention de l'assemblée était à son comble, Elden' Nùvdor ouvrit les yeux :

- Pour simplifier, je dirais que nous connaissons actuellement une période clef pour le devenir de notre monde, et nos actes et décisions influeront directement sur cet avenir...

- Rien que ça... grogna le nain.

Le Mage le foudroya du regard, nous portons donc la responsabilité du devenir d'innombrables existences, par conséquent nous devons adopter une attitude de circonstance!

A ces mots, le nain sembla se tasser sur lui-même.

Comme le révèle la prophétie, tous les opposés, contraires et différences se rassemblent dans cette plaine, avant de se mélanger violemment dans une sanglante mêlée. Le chaos et le désordre vont rencontrer l'ordre et la discipline, la folie et la bestialité vont affronter la raison et l'intelligence, l'iniquité va provoquer la justice ; en définitive, le mal va s'opposer au bien. J'utilise ces qualificatifs basiques pour que vous compreniez bien la teneur des enjeux.

Aujourd'hui, sera fixée la qualité, l'essence de la trame du fonctionnement de demain... Si nous perdons cette bataille cruciale, le mal accroîtra de plus en plus son influence néfaste sur ce monde, jusqu'à le dominer totalement. Et il est également à craindre qu'il ne s'arrête aux frontières de celui-ci... Nous sommes le dernier rempart à ce déchaînement eschatologique. Il était écrit que deux visions de la vie, de notre monde, s'affronteraient pour sa domination future ; ce jour est arrivé, nous n'avons pas le droit

de faillir !

Voilà la lourde tâche qui nous incombe, voilà la raison de notre présence parmi vous. Et quoi qu'il en soit, souvenez-vous qu'à partir d'aujourd'hui, rien ne sera plus comme avant...


***


L'assemblée était littéralement bouche bée, ce fut Magnus le Centaure qui rompit le silence, si ce que vous dites est vrai, ce n'est pas une simple bataille qui nous attend ; on est donc en droit de penser que l'ennemi est beaucoup plus puissant que ce que nous présumions d'après les rapports des quelques éclaireurs qui sont revenus...

Et que vous ont dit vos éclaireurs ? Le coupa l'Archimage. Le Centaure se tourna vers le Commandeur, qui prit la parole.
- Aux dernières nouvelles, l'armée adverse est forte de plusieurs centaines de milliers de combattants, une multitude hétéroclite composée aussi bien de barbares, gobelins, trolls, orcs, et autres orggs originaires des continents montagneux partiellement explorés au nord de La Krosia, que de troupes humaines du lointain et isolé royaume pernicieux de Mogdarht. Dont nous avions d'ailleurs déjà battu les armées il y a bien longtemps...
Cependant, nous n'expliquons toujours pas qu'une telle légion ait pu être levée aussi vite, comment les tribus barbares, gobelines,

orques, trolls etc... sont parvenues à se rassembler sans se taper dessus. D'ordinaire ces créatures plutôt primitives sont occupées par leurs sempiternelles luttes intestines ; vraiment c'est incompréhensible et extrêmement préoccupant. En tout cas, voilà les seules informations dont nous disposons actuellement.

- Eh bien je vais apporter un complément dans ce cas, Ajouta le mage, face à nous il n'y a pas seulement des guerriers, il y a aussi des hum... sorciers. Mais ce n'est pas le terme qui convient, en fait ce sont des... nécromanciens, accompagnés de leurs cohortes de disciples, acolytes et autre dévots, ils sont des milliers. Et nous pensons qu'ils font partie d'une importante organisation appelée La Coterie, un collège de nécromants spécialisé dans les arcanes sombres.

Elundra ouvrit la bouche, mais le mage ne lui laissa pas le temps de parler...

Outre ces jeteurs de sort noirs, nous avons décelés la présence de plusieurs centaines de chamans également capable de lancer de puissants sorts... De plus, lors de tels déploiements, les nécromants sont protégés par une unité spéciale appelée Garde Macabre, totalement dévouée à leur cause ; il y a donc de fortes chances pour qu'on la retrouve face à nous aujourd'hui, et ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle...

Cette fois, l'elfe demanda vivement : D'où tenez vous ces informations ?

Le mage sourit, nous avons à notre disposition plusieurs sorts, de hum... espionnage, qui sont très efficaces pour repérer et reconnaître les différentes formes et émanations de mana, je vous passe les détails. De plus nous connaissons assez bien cette organisation honnie, puisque nous avons déjà eu à faire à elle par le passé. Sinon vous serez heureux d'apprendre que nos renseignements concernant le reste de leurs troupes concordent avec ceux relevés par vos courageux éclaireurs...

- En parlant d'éclaireurs, je doit vous signaler un autre fait très inquiétant, concéda le Commandeur, notre cavalerie était censée se rassembler dans la ville de Vindorl, à l'ouest, en amont du fleuve Tissénien, or nous n'avons plus aucune nouvelle d'eux depuis avant-hier soir. Date d'arrivée de notre dernier messager qui nous confirmait que les 7000 hommes composants notre cavalerie lourde s'étaient bien ralliés au lieu demandé. Mais depuis cette dernière estafette, plus aucune communication, et les nombreux messagers envoyés par la suite ne reviennent plus.

- Nous pouvons continuer à envoyer des cavaliers, proposa le Général Davrik, mais cela me répugne d'envoyer nos hommes au casse-pipe d'autant plus que cela semble inutile et que nous ne connaissons pas la menace qui semble les attendre.

- Peut-être qu'en en envoyant plus ? Je peux aussi vous proposer l'aide de mes frères ?

- Une proposition engageante, seigneur nain, mais nous n'aurons

pas besoin de sacrifier d'autres vies. Trancha l'Archimage. La partie de la bataille qui importe va se dérouler dans cette plaine, aussi, devons nous concentrer tous nos efforts en cet endroit. En ce qui concerne vos chevaliers, s'ils sont vivants ou simplement en retard, bien que j'en doute, il n'y aura pas lieu de s'inquiéter, par contre si ce n'est pas le cas et qu'un péril descend le fleuve à notre rencontre, nous devons être prêts à le recevoir comme il convient.

Mais rassurez-vous, dans les deux cas nos sorts d'espionnages et de renseignements nous avertiront à l'avance et nous pourront agir en conséquence. Et puis de toute façon, si nous perdons cette bataille, ce problème sera le cadet de nos soucis... Qu'en pensez-vous Commandeur ?

Gersifal hocha la tête, j'adhère à votre raisonnement cependant, et ne croyez pas que je ne vous fais pas confiance, je posterai plusieurs éclaireurs et sentinelles en amont du fleuve, au cas où...

- Une sage décision, Approuva le mage.

- Bon, nous allons maintenant passer en revue une dernière fois nos forces et leurs dispositions sur le champ de bataille car le temps presse et nous devons aussi prendre en compte nos nouveaux alliés.

Le Commandeur se leva, appuya ses mains sur le rebord de la table, le regard vague :

Commençons par les troupes conventionnelles, nous disposons de 350 000 hommes, divisés en deux bataillons, un premier de 200 000 spadassins légers, armées de boucliers et d'épées, qui formeront la partie centrale et droite de la première ligne de frappe, le quart gauche sera tenu par les 35 000 guerriers nains, dit-il tout en se tournant vers le Seigneur Nain pour quêter une dernière fois son approbation, celui-ci acquiesça fièrement.

- Vous comprendrez le sens du mot détermination !

Gersifal continua :
- Notre deuxième ligne, composée de 150 000 fantassins armés de longs épieux et boucliers, et vêtus de lourdes cuirasses formera un gros bloc d'acier impénétrable, ces soldats sont très entraînés et pour la plupart des vétérans. Nous placerons ces deux rangs devant la colline en haut de laquelle nous nous installerons pour avoir une vue d'ensemble de la bataille ; ils occuperont quasiment toute la largeur du front, du lac à l'est jusqu'aux premiers plateaux à l'ouest, à quelques kilomètres en parallèle du fleuve.

Comme convenu, l'armée Centaure se positionnera aux abords du lac, prête à charger en le longeant, sur la droite de nos lignes...

- Et nous le ferons avec force et célérité ! Précisa Magnus en frappant le sol de ses sabots.

- Quant aux Elfes...

Voyant son hésitation, Elundra pris la parole :
- Nous irons nous placer juste devant le fleuve avant que la bataille ne commence, en fait nous déclencheront les hostilités, dit-elle en souriant, et nous nous retirerons derrière la première ligne Kjeldorienne dès que nos ennemis chargeront...

- Et que comptez vous faire de si loin ? Demanda Davrik.

- Faites-nous confiance, lui répondit l'elfe derechef, son sourire s'élargissant.

- J'espère que cette manie de vouloir conserver nos secrets dans des moments cruciaux ne nous perdra pas...

Le Général en profita pour observer d'un regard énervé l'impressionnant colosse dissimulé dans l'ombre. Commandeur, allez vous enfin nous dire la raison de sa présence ici ?

- C'est un atout supplémentaire pour nous et en échange de son aide j'ai juré, entre autres, de ne pas divulguer son identité avant que le moment de jouer son rôle ne soit venu. Vous devrez me faire confiance.

Gersifal vit bien que cette réponse ne satisfaisait pas le Général, il ne pouvait l'en blâmer bien au contraire, mais il n'avait pas le choix. Comme son subordonné se résignait, il poursuivit :

- En ce qui concerne le millier de clercs envoyés par le Conclave de La Cité Blanche et dirigés par Valdius ici présent, ils se positionneront juste derrière la colline, à la lisière de notre camp, pour user de leur magie afin de soigner les blessés qui afflueront.
Le Haut prélat compléta, et nous serons ainsi proches de la bataille et dans la capacité de déchaîner notre magie divine sur nos ennemis le cas échéant, si la situation devient désespérée...

- Une échéance qui s'annonce malheureusement bien proche, prédit l'Archimage, d'autant plus que mes confrères mages et moi-même avons sentis dès notre arrivée la formidable puissance de la magie blanche que vous détenez, il serait dommage de ne l'utiliser que pour des sorts de soins...

- Nous devons respecter les préceptes de notre Ordre, Précisa Valdius, et aider autrui en est le fondement.

- Je me permets d'insister, mais détruire nos adversaires irait également dans le même sens, puisque cela diminuerait le nombre de nos morts et blessés...

- La destruction gratuite ne sera pas de notre fait, c'est contraire à nos enseignements, nous nous occuperons des blessés et nous lancerons des auras et enchantements bénéfiques pour aider nos hommes, cela restera notre rôle principal.

L'Archimage capitula, non sans invectiver une dernière fois le prêtre :

Vous changerez vite d'avis quand vous verrez la tournure que prendront les événements...

Soudainement, Broken-Hart se leva en pointant un doigt accusateur sur Elden' Nùvdor : Vous passez votre temps à donner des leçons, mais à part votre arrogance, qu'allez vous apporter à notre Coalition ?

Le vieux mage ne put réprimer un petit rire méprisant chargé de mana, qui glaça le sang des chefs coalisés, les faisant blêmir instantanément...

- Votre langue se devrait d'être moins vivace nain ! Faire l'inventaire de ce dont nous sommes capables prendrait plus de temps que ce que votre vie ne daigne vous accorder. Et vous ne comprendriez pas la moitié de nos pouvoirs. Nos sorts sont très variés, et une dizaine pourrait à chaque fois convenir pour chaque situation que nous rencontrerons. Une seule chose est sûre, l'Archimage haussa le ton :

Ne nous sous-estimez pas !

- Si vous êtes si puissants que ça, pourquoi ne pas en un éclair détruire nos adversaires ? Demanda Magnus.

- Une bonne question maître centaure, à laquelle je répond tout simplement : le mana. Je n'entrerai pas dans les détails, mais tout sort lancé nécessite une quantité de mana proportionnelle à son

importance. Par exemple le sort de téléportation que nous avons utilisé pour vous rejoindre consomme beaucoup de mana, c'est pourquoi nous sommes venus hier soir, pour que ce matin nos réserves soient pleinement remplies. La moindre quantité en plus ou en moins a une importance capitale dans ce genre de rapport de force. Ceci implique le fait suivant : l'issue de la bataille particulière qui va se jouer bientôt entre les jeteurs de sorts des deux camps repose sur l'utilisation la plus judicieuse des réserves de mana... Ainsi nous nous contenterons au début de contrecarrer, contrer les sorts ennemis, nous serons vous le verrez très efficace dans ce rôle. Ainsi, nos contresorts demanderont beaucoup moins de mana pour être lancés que les sorts offensifs qu'enverront sûrement en masse les chamans et nécromants... en procédant ainsi nous marquerons des points... Et puis nous aviserons par la suite.

D'ailleurs je me permets de vous faire remarquer que sans nous pour les neutraliser, ces sortilèges auraient réduit rapidement à néant vos espoirs de victoire...

- Dans ce cas, coupa le Commandeur, vous vous installerez à coté de nous, en haut de la colline, vous aurez ainsi une vue dégagée pour à loisir utiliser votre magie comme vous l'entendrez. Cependant, et j'insiste, vous devrez m'informer à l'avance de vos intentions et agissements, et me concerter dans le cas d'une utilisation de votre magie autre que pour vos contresorts. Je ne veux pas être confronté à l'imprévu, même s'il provient de notre camp !

Le chef suprême de La Coalition fixa intensément du regard chacun de ses subordonnés avant de poser la question symbolisant toute son autorité :

- Suis-je bien clair ?

Sept hochements de têtes simultanés lui répondirent aussitôt.

- De plus, je souhaiterais que vous ne me quittiez pas ne serait-ce qu'un instant, dit-il à l'intention de l'Archimage, je pense que vous me comprenez.

- Je comprends... qu'il en soit ainsi. Accepta le vieil homme en souriant.

Fort de cette garantie, le commandeur pivota et se dirigea ensuite vers l'entrée de la tente où l'attendait un Capitaine Kjeldorien pressé de faire son rapport.
Au bout de quelques secondes Gersifal reparut devant le conseil et reprit sa place en face de celui-ci :

- Les troupes ennemies n'ont pas encore cessé d'affluer, elles se massent toujours à notre frontière, quelques kilomètres derrière le fleuve. Elles occupent une bande de terre qui commence au pied des Montagnes Dentelées et qui curieusement s'arrête à quelques centaines de mètres du lac. A en juger par l'état désorganisé de leur légions nous avons encore du temps devant nous pour configurer nos armées d'une manière optimale.

Le Commandeur se redressa :

Mes amis, l'heure de la bataille approche et elle aura lieu c'est certain. Aujourd'hui l'enjeu est énorme, bien plus que ce que nous pensions, un poids immense s'est rajouté sur nos épaules en quelques minutes, ne faillissez pas à vos engagements. A la guerre ! Nous avons rendez-vous avec l'histoire !

A la guerre ! reprirent en coeur les chefs coalisés en levant le poing.

En sortant de la tente, le chef suprême fit signe à Elundra et à L'Archimage de le suivre...

Ainsi prit fin le Conseil. Une fois celui-ci achevé, chacun se rendit au point précédement assigné, les armées de La Coalition de la Justice étaient prêtes, disciplinées et déterminées. Les étendards représentant un soleil éclatant flottèrent par milliers, ondulant au gré du vent, la marrée étincelante se mit en mouvement, épousant le relief vallonné du terrain. Au bout de deux heures, le dispositif était en place, tout le monde était à son poste, la toute-puissance de La Coalition s'étalait impérieusement dans la partie sud de plaine de Tsaroth.

Puis, une irréelle complainte retentit portée par les vents, d'une beauté hallucinante qui vous faisait passer par toutes les émotions, écouter ce chant c'était s'abandonner à l'amertume, au

désespoir, puis à la confiance et à l'excitation. Mais d'où provenait cette merveille ? La source semblait jaillir du milieu des combattants coalisés, et se déplaçait vers l'avant...

Le détachement des Elfes traversa fièrement les lignes coalisées en marchant lentement, tout en fredonnant une de leur antique mélopée de bataille, soulevant des murmures sur leur passage.

Dix mille Elfes dissimulés presque entièrement par leurs longs vêtements verts sombre et bruns, se dirigeaient en rang parfaitement ordonnés vers le lieu désigné : les berges du fleuve. On lisait sur leurs visages la joie de combattre et une détermination inébranlable. Ils avançaient, les yeux rivés sur leurs cibles, massées quelques kilomètre derrière le cours d'eau. Les légions ennemies grouillantes enfin rassemblées les attendaient...

Les secrets entourant les Elfes aux cheveux écarlates, Elite du Royaume secret de Yamivaya, allaient tomber en même temps que les habits les protégeant, entraînant avec eux la fin de la paix, de la quiétude et l'innocence de ce monde.

La valse macabre allait commencer, les premiers danseurs entraient en piste, avides...

Avides et inconscients, tels des pions manipulés par des mains invisibles sur un gigantesque échiquier ; participant à un jeu dont ils ne connaissaient pas les règles...


A suivre : La Valse Ecarlate






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