Trop barbu pour survivre
écrit par ParkerLewis


      A la rencontre de l’abomination barbue

C’est donc un reportage exclusif sur La Bête À Barbe que je vous présente dans ce terrifiant article. S’il me faut reconnaître que ces images ont pu vous être rapportées à mes risques et périls, mon sang ayant coulé abondamment tout au long de cette expédition vers l’innommable, n’allez pas vous imaginer pour autant qu’il s’est écrit à la sueur de mon front : il est vrai que travailler dur n'a jamais tué personne, mais pourquoi prendre le risque ? « Le travail est l'opium du peuple et je ne veux pas mourir drogué » (Boris Vian). Cependant, la fierté créatrice aidant, j’espère qu’il saura vous faire partager les indescriptibles et pas toujours enviables sensations que j’ai pu moi-même éprouver. Avec, qui sait ? Peut-être d’autres reportages du même acabit si les échos du public sont favorables. « L’avenir ne dépend que de vous ! » (Captain Planet). Mais je ne veux pas vous ennuyer plus longtemps avec mes déclarations, chers lecteurs, alors place au sensationnel !



Chapitre Premier : Une audacieuse expédition





Depuis de nombreux jours déjà, les rumeurs les plus folles couraient dans notre illustre communauté de barbus (parce que nous apprécions les jeux de rôles) sataniques et sectaires (parce que nous apprécions les jeux de rôles) : La Bête aurait donc trouvé refuge dans les sombres méandres des pages de notre site bien-aimé. D’aucuns osaient alors prétendre qu’il s’agirait de La Bête À Barbe. Entendez-vous, chers lecteurs ?? La Bête À Barbe dans nos murs !! En peut-être chacun de nous… Mais qu’a-t-elle donc de si terrifiant, cette Bête À Barbe ? Voici en substance ce que nous apprend l’Encyclopaedia Universalis : cet animal légendaire, plus connu par son appellation anglo-saxonne Bloodthirsty Evil Abomination from the Sunless Tower, est comme son nom l’indique une Bête, à savoir un être affreux et laid, que l’on dit même impuissant. Mais nous sommes ici en présence d’une Bête À Barbe, la pire de toutes. En effet, la présence de cet appendice remarquable lui permet de pétrifier d’effroi ses proies. Une fois celle-ci abattue par un subtil jet de bave (c’est du vécu je vous dis), La Bête À Barbe peut alors commencer son festin. Mais la faible capacité de son estomac ne lui permettant pas d’ingérer toute sa proie en une fois, l’on devine avec horreur la deuxième fonction de la Barbe : elle lui sert de lieu de stockage pour les restes de ses proies, qui peuvent y pendouiller lâchement de nombreux jours. Tout témoin ayant déjà eu la joie d’assister à l’un de ses festins corroborera cette analyse.
C’est donc sur ces bases alléchantes, et empli du sens du devoir de faire éclater la vérité sur la présence d’une telle abjection à MagicVille, que je me décidai à partir pour la dangereuse expédition que je vais à présent avoir le plaisir de vous narrer (et narrera bien qui narrera le dernier).



Chapitre Deuxième : L’antre de La Bête

Me voilà donc parti. Alors que j’entame mon approche, les indigènes me mettent en garde : L’Immondice Barbue n’est plus très loin, et quiconque s’en approche doit le faire en compagnie de Salinge, sous peine de mort. Me voyant intrigué par cette sombre autant qu’étrange recommandation, l’un d’entre eux, qui me paraît plus vaillant que les autres, me prend à parti et me murmure qu’il sait où trouver Salinge, et qu’il est prêt à le capturer et à m’accompagner jusqu’à la caverne de La Bête À Barbe. Le jugeant digne de prendre part à un article de MagicVille, je décide d’en faire mon assistant. Empli de reconnaissance devant l’honneur qui lui échoit – hummm une petite pizza aux échoits ! -, Deathglove Becausoff (c’est son nom) me conduit jusqu’à sa modeste habitation immatriculée OIK, une hutte double à proximité du repaire de La Morbidesse Barbue. On ne peut pas dire que ce soit du quatre étoiles – population exclusivement masculine dans un rayon de beaucoup, odeur de vieux bouc persistante mais néanmoins différente dans chaque tanière (selon le propriétaire, de nombreuses teintes sont à disposition : morue, porc-épic, bleu de bresse), mais c’est déjà mieux que les réduits voisins. A chacun son chez soi me direz-vous, tant il est vrai que l'homme invisible habite chez ses transparents. Mais il en faut plus pour arrêter votre dévoué dans sa fougue reportagesque.



Nous mettons minutieusement notre plan au point. À la tombée de la nuit, à l’heure où La Barbe se contracte afin d’alimenter en continu sa propriétaire durant son sommeil, nous agirons : alors que Deathglove ira chercher Salinge, je préparerai de quoi sceller le seuil de l’auge de L’Incontinence Barbue. Ainsi piégée, nous pourrons l’étudier de près, sans danger pour nous.

A l’heure dite, nous nous exécutons silencieusement. Au retour de Deathglove, qui me dit avoir capturé Salinge, nous partons. Les bruits s’échappant des abords de la caverne sont des plus effrayants, on y distingue entre autres digestions écoeurantes les délires subversifs de La Bête (apparemment d’ordre sexuel d’après l’odeur). Cela est d’ailleurs olfactivement si ignoble, que nous frôlons l’évanouissement, et c’est alors que nos regards se croisent : Salinge, il faut utiliser Salinge, c’est notre seule et unique planche de Salinge ! D’un geste bref mais néanmoins rapide, Deathglove dévoile alors devant mes yeux ébahis un lapin. Tout va alors mieux et nous pouvons travailler à notre basse besogne. Cependant, devant une telle horreur, nous décidons par pure précaution de faire porter aux scellés des mentions claires s’adressant à quiconque essaierait de passer outre cette nécessaire protection. Nous reviendrons le lendemain au réveil de la bête.

Chers lecteurs, je me permettrai ici d’ouvrir une parenthèse : mon entourage peut en attester sur l’honneur, j’aurais préféré avoir à utiliser un dauphin (pour le côté violeur du terme), mais allez trouver un jeu de mots avec dauphin. Remarquez, c’était faisable, mais il m’aurait fallu également utiliser des noix et je ne sais d’ailleurs vraiment pas par quel artifice rocambolesque j’aurais pu raisonnablement invoquer un gratin dauphin-noix.



Chapitre Troisième : Les secrets de la bête

Le lendemain, une première mauvaise surprise nous attend : La Difformité Barbue s’est réveillée plus tôt que prévu, sans doute par le manque d’aération causé par les scellés (et ça doit vraiment lui manquer). Nous nous précipitons alors sur les lieux, et observons enfin La Bête À Barbe, tentant furieusement de se libérer. Ces manifestations de violence sont d’autant plus insoutenables que c’est en ce moment même la saison du rut de L’Obscénité Barbue. Vous avez sous vos yeux ébahis les photographies qui attestent du triste spectacle qui s’est offert aux miens (pas de raison que je sois le seul à subir ça) :



J’ajoute qu’après le développement de ces photos, le pauvre appareil ayant servi au cours de ce reportage s’est dissous.

Alors que les mugissements redoublent d’intensité, une pensée me traverse l’esprit : et si elle souffrait ? Lorsque j’eus jeté un (très) rapide coup d’œil – c’était vraiment trop affreux – je réalisai avec effroi quelle fantastique douleur La malheureuse Dépravation Barbue pouvait endurer ; elle souffrait en effet de la plus odieuse, de la plus cruelle malformation qui soit : La Bête À Barbe est atteinte d’un phimosis monstrueux.



Dès lors, tout s’éclaira dans l’esprit de votre serviteur : les rumeurs, les clameurs, les senteurs. (Le cerveau a d’ailleurs des capacités tellement étonnantes, qu'aujourd’hui pratiquement tout le monde en a un). Tout cela provenait de cette colossale malformation ! Pris dans un bel élan (l’impulsion, pas l’animal, le rut n’est pas contagieux. Toutes ces conneries, ça m’émeu) d’humanité, et partant du principe qu’il n'y a pas de problème qu'une absence de solution ne puisse résoudre, j’entraînai donc mon assistant outre les barrières nous séparant de La Scorie Barbue afin de lui porter un secours nécessaire.

Ayant flairé nos intentions (je ne sais pas comment elle a pu faire au milieu de tout le reste), La Bête À Barbe nous laisse pénétrer plus avant. Sachant grâce à cette bonne vieille sagesse populaire, qu’il faut toujours couper le mal à la racine, nous nous rapprochons courageusement, muni de l’attirail nécessaire. La Vilénie Barbue semble alors comprendre, et prend subitement peur. N’osant pas nous approcher, elle part se réfugier dans les recoins les plus reculés de sa soue. L’opération est cependant nécessaire à sa survie et notre décision est irrévocable. D’une manœuvre délicate mais sûre, nous commençons à opérer. L’Infamie Barbue hurle, se débat, déploie des trésors d’ignominie pour nous échapper, mais le sens du devoir soutient notre bras. Dans un dernier beuglement, nous extirpons le mal de son corps mou et flasque et le rejetons avec le dégoût dû à son rang. La Bête À Barbe entame désormais le long chemin de la guérison, et le calme, la paix et l’amitié pourront, espérons-le, revenir dans notre communauté favorite.



Epilogue



A l’heure où je rédige ces lignes, plusieurs semaines se sont écoulées depuis les faits, et j’ai la joie de pouvoir affirmer que suite à cette expédition réussie, La Bête À Barbe s’est parfaitement intégrée au milieu qui est le nôtre. Cela fait quelques temps que l’indescriptible mugissement caractéristique de sa présence (mais si vous, savez : « HEEEEEEEEEEEEEEEEEEELLLLP ») ne s’est pas fait entendre, et si vous la croisez, sa pilosité a à présent disparue…


Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes (MV). Tout ? Non ! Car une autre bête rode encore et toujours dans les pages du site. Vous avez peut-être vous aussi entendu le cri déchirant précédant toujours ses apparitions :

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRGGGGGGGGGGGGHHH !!!»


- De notre correspondant local, Parker Lewis
secondé pour l’expédition par son
irremplaçable assistant Deathglove Becausoff