Trônant sur mon trésor de dealer sans scrupules,
Je contemple mes decks où les bilands pullulent.
Mais parfois, pour un rien (la vue d'un Feu follet)
Un brin de nostalgie vient m'étreindre et coller

Mes doigts à la magie d'un dessin de Myrfors ;
Et je pense au passé, et je perds toute force,
Me revois collégien, mon nez plein de pustules :
Je contemple mes decks où les bilands pullulent...

* * *

Voici douze ans déjà que je caresse et classe
Et reclasse sans fin ces cartons sans valeur
Ou sinon dans le cœur de certains, quelques sœurs
Et frères de classeurs, que jamais rien ne lasse :

Ni Myrs, Slith, Guilds, Ninja, leurs noms en toc ou leur
Prix fou, ni Reedits, Banissements, ni mois
D'attente marketing ; chacun reste en émoi
Et reclasse sans fin ces cartons sans valeur...

* * *

Je songe aussi au temps où un Doppelganger
Croisait parfois un Ange ; où un Baron Sengir
Régnait sans nul partage aux tables de naguères,
Et aux Alliance, Ice age, et à Fallen Empire...

J'espérais tout savoir du monde fantastique
Offert entre mes mains, dans un booster Magic,
Et j'avoue, naïf : mon rêve de Mox Sapphire
Croisait parfois un Ange, ou un Baron Sengir...

* * *

J'avais douze ans, du temps, pas un kopeck en poche
La régénération me semblait compliquée
Comme un DM de maths, et pour faire appliquer
Le banding à ses potes, après bien des taloches

On devait consulter ce livret noir et blanc,
Cher cadeau de Wizard où nos yeux ont craqué ;
"Vraiment rien de meilleur qu'un bon gros Léviathan !"
La régénération me semblait compliquée...

* * *

Et maintenant, je pleure ! Une vie de gamin
Me hante en Feu follet, ramène ses chagrins :
Adieu échange, adieu arnaque, bye Lotus noir,
Dormez Shivàn, dormez Colosse et Tour d'ivoire !

Les rêves ne sont plus de mon âge, c'est vrai :
Je garderai en moi cet odorant parfum
Des cartes neuves : à les sentir on croirait
Qu'un bonheur suinte aussi, dorant tous vos chagrins !