Lotus
Chapitre III : La quête


      


RESUME : Il était une fois, dans le Royaume de Magicville, Lotus, une jeune et charmante elfe, qui s'extasie seule dans un buisson à la vue d'un beau Chevalier, prénommé Dafunk. La jeune femme finit par se faire repérer, rejoindre l'éphèbe et s'abandonner dans ses bras. Hélas, le soldat possède la protection contre le vert. Au contact de ce corps sensuel ^^ qu'elle ne peut s'empêcher de toucher, la nymphe tombe inconsciente...

Un peu plus tard, Bridou, cochon patenté, fait un drôle de rêve : dans ce qu'il croit être le Paradis, le Demi-Dieu JMB lui confie qu'une quête l'attend, au coeur de la forêt de Zora, où l'attendent un Chevalier, ainsi que Lotus, son amie d'enfance. Mais tu devras te trouver un compagnon de route, lui précise Sa Grandeur, au risque d'y laisser des plumes... Malheureusement pour l'animal, celui-ci ne se trouve pas au dans le Royaume Céleste, mais au coeur d'un songe bien alcoolisé. La tête et l'estomac renversés, Bridou reprend difficilement connaissance dans l'auberge du Oik, où il sera pris de nausées. Cherchant en vain des lieux appropriés pour vomir, le cochon ne peut longtemps se retenir et lâche du lest sur la robe d'un mage noir. Mauvaise idée! Bridou échappe de peu à la mort, sauvé par un ange qui le prend sous ses ailes et l'entraîne vers la sortie du bastringue. Après avoir volé la nuit entière, les deux protagonistes se posent fatigués mais en sécurité dans la fraîcheur d'une clairière. Le cochon fait alors le récit de son rêve à son sauveur en qui il est persuadé avoir trouvé son compagnon de quête. Le Serviteur des Airs réfléchit et l'approuve. C'est bien possible. De toute façon, mon pote, je serai bien obligé de t'accompagner, vu que je suis ton Ange Gardien. Frolll, pour te servir.



CHAPITRE III - LA QUETE



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Dans l'ombre des denses feuillages de leurs refuges boisés, les oiseaux de la forêt pouvaient observer un duo assez insolite : un cochon gras au corps et poils aux pattes, accompagné d'un ange gracieux et élégant. Les deux avaient d'abord décidé de rejoindre la forêt par les airs, plus rapides et bien plus sûrs que tout autre voie. Mais aux abords de l'immensité verte de la Zora qui grignotait l'horizon, ils avaient été contraints d'abandonner les cieux pour pouvoir trouver leur chemin. Deux fois déjà le soleil s'était couché depuis, et le temps aidant, la complicité avait fait son œuvre. Riant et apprenant l'un de l'autre, les deux compères étaient devenus comme des frères.

A présent noyés par un océan de plantes, ils suivaient un sentier sombre et broussailleux. D'après l'animal, le chemin menait aux abords du sanctuaire des elfes, d'où ils pourraient ensuite rejoindre la demeure de son amie. Sous la voûte verdoyante qui leur cachait le ciel, les compères tuaient le temps et alignaient les blagues qui leur venaient à l'esprit.

Tiens, je parie que tu ne la connais pas celle-là : "C'est un couple de culs qui discutent. Y'en a un qui demande à l'autre : au fait, qu'est-ce qu'on mange ce soir? L'autre, lassé de ce genre de question, fait : Pfffffffffffffff..."

Bridou s'esclaffa bruyamment et enchaîna : Alors, c'est un humain qui est insomniaque. Il se rend chez son sorcier et lui dit : voilà, je voudrais des médicaments pour pouvoir m'endormir sans difficultés. Aussitôt dit, aussitôt fait, il prend ses cachets mais ne trouve toujours pas le sommeil. Le lendemain il retourne donc chez le sorcier et lui demande quelque chose de plus puissant. Le mage lui donne donc des somnifères ultra puissants en suppositoires. L'humain les prend et en est super content. Mais malgré cela, il retourne chez le sorcier et lui dit : "Vous n'auriez pas un médicament moins puissant". Ce dernier s'étonne et lui demande ce qui ne va pas. L'humain lui répond : "Je me suis bien endormi, mais le problème c'est que je quand je me suis réveillé j'avais encore le doigt dans le cul". 1

Frolll se tint les côtes. Excellente! Attends celle-ci : "C'est l'histoire d'un gobelin intelligent..."

Arf, elle commence bien…

"…Le gobelin prend un livre et…"

Ah, arrête, c'est trop! …

"…Alors il lit et…"

BOUHWAHAHA!!! Arrête! Je vais me faire dessus!!…
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Mais Frolll interrompit son histoire. Bridou, les larmes aux yeux, se tourna, interrogatif. L'ange mit un doigt devant ses lèvres et attendit, à l'affût d'un des cris qu'il lui avait semblé percevoir.

Tu n'as rien entendu ?

Bridou tendit l'oreille à son tour et secoua le groin. Non, rien.

Il se concentra un peu plus et attendit un signe, impassible. Les cris reprirent, les hurlements d'une femme.

Allons-y !

Ils quittèrent le sentier à pleins poumons et se mêlèrent dans la verdure en direction des terribles lamentations qui montaient dans le lointain. Au fur et à mesure qu'ils dévalaient au travers des ronces et des denses fougères, les hurlements s'amplifiaient.

Tenez bon, on arrive !

Après quelques épineux et délicats instants, ils déboulèrent dans la clarté diffuse d'une vaste clairière et s'arrêtèrent net. Un velours de ténèbres s'élançait lentement au devant d'eux. Là, s'érigeait un anneau de roches noires dont les hautes silhouettes évoquaient dans le clair-obscur quelque piège surnaturel. Recouverts d'égratignures et de bleus épars, ils y virent la chose qui les avait alertés. Cheveux longs et habits verts, une elfe hurlait seule, oscillant sur un autel incroyablement ancien, dont les immenses pieds de basalte s'enfonçaient dans le sol au centre du cromlech. Les bras et le visage tournés vers le ciel, la femme se mouvait en une seule et même prière.

L'ange se tourna bouche bée vers le cochon, pour qui la scène qui se jouait devant eux semblait paraître tout à fait normale. Ce dernier lui rendit son regard.

Je te présente Lotus, fit-il.

Puis il se fendit en un large sourire.

Je ne t'avais pas dis que c'est une sibylle ?



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Bridou trotta en tête. Lotus les aperçut et leur fit un petit signe de la main, sans toutefois discontinuer de son rite mystique. Après quelques derniers vagissements, elle s'arrêta enfin.

Bridou !

Le porc et l'elfe s'élancèrent et se blottirent l'un contre l'autre.

Tu es venu ! s'exclama-t-elle, rayonnante.

Mais c'est naturel, voyons. Tu m'as tellement manqué !

Bridou se tourna vers son compagnon qui se tenait en retrait.

Lotus, je te présente Frolll, un être d'une très grande valeur. Il m'a sauvé la vie il n'y a que peu de jours de cela et s'est révélé être un véritable ami.

L'ange s'avança et s'inclina.

Enchanté Madame.

Elle se courba en retour et lui rendit la pareille.

Croyez bien que tout l'honneur est pour moi. Je suis si heureuse de vous voir tous les deux. Je me suis angoissée à l'idée que tu ne reçoives pas mon message.

On ne se refuse rien à ce que je vois. JMB comme intermédiaire… La classe !

Lotus rougit de plaisir, puis elle poursuivit : Veuillez m'excuser de tout ce tapage, j'étais en grande conversation avec le Dieu du Bruit. Venez, rentrons. Ma demeure est à vingt minutes d'ici et une soupe nous y attend.

Tandis qu'en chemin la conversation allait bon train, Frolll essaya vainement de s'imaginer une discussion avec le Dieu des Toilettes.



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Voilà une heure qu'ils étaient rentrés, chaleureusement accueillis par le chevalier et les deux gobelins qui partageaient la vie de Lotus. Les invités s'étaient mis à l'aise et il leur fut proposé une visite de la maison et de ses environs. Lorsqu'ils furent rentrés de leur promenade, la table avait été dressée et l'on avait servi la soupe.

Dafunk et Frolll, entre deux miches de pain, contaient leurs exploits lors des célèbres batailles de la Vieille Terre, qui avaient vu la victoire du royaume face aux vagues récurrentes de zombies venus du sud. Emportés dans leurs récits épiques, les deux gamins s'animaient de mouvements amples et mimaient à grand renfort de cris et de gargouillements l'agonie de leurs sordides victimes. Sous le trouble de Gnouk et de Dido, Lotus et Bridou se remémoraient quant à eux leurs souvenirs communs. Les gobelins, mis à la diète depuis trois longues semaines, portaient une attention toute particulière au casse-croûte qui discutait avec Lotus. L'intéressé, conscient du lourd poids des regards posés sur lui, avait bien du mal à contenir les bouffées de chaleur qui l'assaillaient.
Le repas fut copieux. Avachis dans leurs sièges, ils finirent leurs assiettes le ventre rond. Tous repus, le cochon semblait même avoir été oublié par ses fans. La table fut ensuite débarrassée et le groupe s'installa dans de moelleux fauteuils, tandis que les gobs s'en allaient goutter aux joies de la vaisselle. Dans le silence de leur digestion, Dafunk s'éclaircit la gorge et prit la parole.



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Frolll, Bridou, je voudrais tout d'abord vous remercier, en mon nom et en celui de Lotus. Vous êtes venus vous unir à nous dans notre aventure et ceci est déjà un signe évident de votre courage. Vous vous en doutez peut-être, mais je dois vous dire que notre quête s'annonce délicate. Je ne vais pas tourner plus longtemps autour du pot et vais vous conter de ce pas ce qui nous attend.

Avant tout, il nous faudra sortir de la forêt. Elle est encore profonde et d'une grande densité. Les sentiers praticables n'y sont pas légions. Je ne vois pour ainsi dire qu'une solution viable : il nous faudra traverser le territoire des lutins. Ils n'ont jamais eu l'air trop dangereux me direz vous, mais je dois vous prévenir qu'il serait préférable de ne pas les avoir dans nos pattes. Oui, je sais, les lutins sont la laideur et la stupidité incarnés. Des gobelins verts? En quelque sorte… Mais l'important est ailleurs. Il est en effet tout bonnement impossible de leur mentir, ce qui est regrettable lorsque l'on sait que ces petites créatures ont la fâcheuse tendance de très vite se vexer. Si l'on ajoute à cela que ces bestioles ne supportent pas que des étrangers viennent fouler leurs terres, on obtient là un cocktail assez savoureux.

Une fois hors de la forêt, nous foulerons sur les plaines de Migis et nous nous dirigerons vers la montagne. Là, le problème sera différent. Les gobelins grouillent dans les rochers. Contrairement aux lutins, eux seront prévisibles. Je résumerai en quelques mots ce à quoi nous aurons affaire : cupidité, rapidité et volonté. Comme vous le savez, ces saletés sont hargneuses… Tiens, pendant que j'y pense, rappelez-moi que je dois changer de bouclier, nous aurons déjà fort à faire pour que notre compagnon ne finisse pas star de barbecue (A ces mots, Bridou frissonna…), je ne voudrais pas non plus avoir à courir le risque de devenir Porte-PQ Officiel de sa Majesté Des Trous Qui Puent.
Les montagnes passées, nous aurons quitté le royaume de Magicville. J'avoue ne pas connaître les terres que nous foulerons alors. Peu de gens s'y sont risqués d'ailleurs. L'autorité de notre Seigneur y faisant défaut, nul ne peut imaginer quelles civilisations nous pourrons découvrir. Mais laissons là ces banalités. Venons en à notre Quête.


(une lueur apparue dans son regard)

Connaissez-vous les Vieux Ecrits? Ces reliques sont connues pour les fantasmes qu'elles font naître chez ceux qui ont le malheur de tourner leurs pages. Je me suis moi-même perdu au fil de certains de ces chapitres, à l'occasion des nombreux conseils de guerre auquel j'ai assisté. Il y est dit qu'à l'extrême limite des Terres de l'Est se trouve un autre monde, tout entier d'eau et de magie : L'Océan, Terre des Ondins (il marqua une pause) et de l'Illusion. Au travers de ces pages maudites, des paragraphes entiers font référence à cet étrange personnage, certaines légendes le présentent sous le nom de Pitchko, l'hybride aux cents visages, Ordonnateur de la Réalité et de l'Invisible. (Un léger amusement les effleurèrent) Non, ne riez pas! Sous ce nom peu commun se cache un être d'une puissance sans limite, doté de pouvoirs étranges dont certains nous sont encore inconnus. Mais il en est un, plus que tout autre, au centre de notre destin : le Changement Spectral. Ce fabuleux sortilège, voilà l'objet de notre quête.
Comme je vous l'ai appris lors de notre repas, je possède la protection contre le vert, et ce Changement Spectral me permettrait…




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Lorsque le chevalier eut fini, Frolll prit la parole : Donc, si je comprends bien, nous allons risquer notre vie afin que vous puissiez vous tripoter.

Il se concentra sur Lotus et Dafunk, qui se déshabillaient vicieusement du regard, puis échangea un regard avec le cochon.

Leur réaction fut instantanée :

Coooooooooooooollll !!!



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Les derniers rougeoiements du soleil embrassaient la ramure des arbres en bordure de la bâtisse. Sous le porche, le porc s'imprégnait rêveusement des couleurs sucrées du jour mourrant. L'animal se reposait dans la joie. Lotus représentait tant de choses qu'il allait retrouver, après tant d'années.

Des bruits de pas vinrent interrompre le fil de ses pensées. L'elfe s'assit à ses côtés, puis allongea son corps contre le sien. Affectueusement, elle mit sa tête contre son flanc, comme lorsqu'elle était enfant.

Je t'aime mon Doudou, murmura-t-elle.

Bridou lâcha une larme. La force de la nostalgie le balaya dans un passé lointain où l'elfe et lui n'étaient encore que des petits.

Je t'aime Petit Frère.

Elle ferma les paupières.

Tu te souviens quand on du jour où on a rempli de laxatifs les tonneaux de bières en provenance de Diocre ?

Elle sentit le ventre de l'animal se remuer de rire.

Les gobelins en parlent encore. Les pauvres.

Et la fois où tu as déclaré aux hommes du contrefort de Foz que le secret de l'immortalité des elfes résidait dans une abstinence totale et soutenue de 5 ans et un jour.

Ils ne sauront jamais si j'ai dit vrai, fit-elle, amusée.

Le cochon resplendissait.

Tu sais, se sera chouette de pouvoir revivre de tels moments à tes côtés.

Pour nombre de pauvres créatures, le destin était scellé. Le duo allait se reformer, impitoyable, aidé dans leur tâche par deux vils complices.

Ouaip! Ca sera chouette.



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2 - Marche aussi avec : C'est Paris qui obtient les JO ou encore avec : C'est Deadline qui va au coiffeur ^^