Ici, venez raconter vos pires expériences du monde du travail.
Je commence :
***Les frigos d'abattoir***
Je commence le premier jour à 5h du matin, le casque rouge ( le mec qui te gueule dessus quand il veut que ça aille plus vite ) m'explique brièvement ce qu'il faut faire en 2 minutes puis me dit en partant : Popol t'expliquera aujourd'hui, tu te débrouilleras demain !
Le hic, c'est j'ai du attendre jusqu'à 9 heures pour comprendre ce que Popol me disait. J'ai vite compris que c'est l'heure ou il avait dessaoulé de son "petit déjeuner" (cubi de blanc sur la parking à 4h, il se planquait, mais tout le monde le savait).
J'ai passé 3 fois 2 mois dans une ambiance joyeuse, ou je me faisais traiter de tapette par des tacherons avec des couteaux de bouchers et des bras plus gros que mes cuisses, et encore, ça va que j'étais pas arabe, parce qu'eux prenait plus cher...
Mon travail (le plus bas de l'échelle) consistait à pousser des jambons, échines et autres bouts de cochons pendus à des crochets, eux-mêmes pendus a des roulettes censées rouler - je dis censées, car sur les 3 ou 4 roulettes que tu pousses à la fois, y'en quasiment toujours une qui est rouillée et ne roules pas, donc tu forces comme un connard, yapal'temps ! - sur un labyrinthe de rails accrochés au plafond. La cadence est dictée par les tacherons (payés à la tonne découpée, pas à l'heure) qui veulent rentrer le plus vite possible chez eux.
A la fin de la journée vers 13-14h, après en avoir bien chié la première année (c'était mon taf d'été), j'ai pu profiter de la magnifique canicule 2003, qui, quand tu as passé 8 heures dans un frigo, te tombe dessus comme une massue de 25 tonnes.
Le vendredi, c'est le jour du contrôle vétérinaire. Rien de spécial à signaler, puisque je n'y assistait pas, si ce n'est que les contrôles vétérinaires sont censés être au hasard dans la semaine...
Evidemment, je tiens à préciser que ce n'étais pas un énorme abattoir comme on peut en trouver en Bretagne qui sort 6000 porcs par jours pour Madrange et cie (ou là les normes d'hygiène sur les rotis agglomérés de 10 mètres de long sont beaucoup plus drastiques). Non, on en sortait que 800 voire 1000, mais c'était du jambon de "qualité". S'il y a des amateurs de jambons d'Aoste (entre autres), vous savez maintenant d'où il sort :)
Et tout ça pour un SMIC, of course, mais il est possible de gagner plus en travaillant à la tuerie !
Avec de la coke et de l'alcool, on peut tenir il parait (mais rarement jusqu'à la retraite, je vous rassure).
A vous !
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