Je comprends mieux. Alors, je vais m'expliquer à mon tour:
* je ne suis pas réfractaire à un changement de paradigme. Simplement, il faut évaluer aussi les conséquences d'un changement de paradigme et les prévoir, les anticiper, pour éviter de dire juste "changeons ça" puis "ah merde y'a x, y, z qui maintenant sont à revoir, bon, faisons ça à la va-vite". C'est ça qui prévaut la plupart du temps dans les changements. C'est un truc fait à la va-vite. On remarquera d'ailleurs que si les profs sont peut-être "dans le top X des grévistes", ils se plient néanmoins aux consignes ("lol, je fais pas le programme ?" semble complètement impossible dans la bouche d'un·e prof). En fait, si tu regardes bien, la plainte la plus répandue ce n'est pas "le programme a changé c'est trop nul" mais "comment on fait le nouveau programme sans formation ?". Ce qui prouve bien que les profs ne sont pas rétifs au changement *tout court*, mais au changement *mal organisé*, a.k.a. on te demande de faire un truc sans t'avoir expliqué ce que c'était que ce truc, bah si t'as une moindre conscience du travail bien fait... Tu trouves ça complètement débile.
* je remarque néanmoins que la charge qu'on impose aux profs ne fait qu'augmenter (je ne parle même pas du pouvoir d'achat qui baisse, lié au fait, par ex., du gel du point d'indice, de la comparaison au SMIC, tout ça). Je remarque notamment que la charge s'est davantage accrue encore depuis qu'on est passé à des pratiques numériques. Les mails incessants qui se sont immiscés dans la vie professionnelle d'un·e prof font que, mécaniquement, il y a plus de temps de travail (contrairement à un travail à horaires fixes, où quand t'as plus de mails, ben tu fais moins d'autre chose, ici l'autre chose, à savoir les heures devant les élèves + préparation + correction de copies, ça prend toujours autant de temps et c'est donc le temps total qui augmente).
* je conclus donc d'un premier côté en disant que ça va mécaniquement augmenter le travail d'avoir à gérer plein de trucs annexes liés au numérique avec les parents etc.
Maintenant, regardons l'autre côté : qu'est-ce que les élèves gagneraient à cela ? Après tout, si c'est nécessaire, pourquoi pas, et on pourrait regarder alors vers quelque chose à enlever dans la charge des profs ou vers un salaire à revaloriser (chut les rires au fond de la salle !).
* je constate que ce sont toujours les mêmes parents qui prennent du temps (on pourrait encore invoquer ce bon vieux Pareto, qui n'a probablement rien demandé là encore, mais bon : 20% des parents vont prendre 80% du temps). Et donc, avant de constater quoi que ce soit d'autre, je constate une inégalité dans le traitement des élèves. Si on a des parents procéduriers (souvent, donc pour les enfants de notables) qui font chier 254 fois dans l'année et *pour le cas particulier de leur enfant*, alors je n'appelle pas ça un changement pour un mieux dans l'éducation des enfants.
* je constate également qu'il existe des cours du CNED où, tiens comme c'est bizarre, on n'a pas accès directement aux enseignants... Pourquoi donc existerait-il un truc organisé, qui marche pour l'enseignement à distance, et pourquoi on voudrait d'un coup faire la même chose très différemment ? Regardons peut-être d'abord ce qui fonctionne, bien, ou moins bien, dans les cours du CNED, et inspirons-nous du modèle, non ?
Enfin, bien sûr, je veux bien me rendre compte qu'il y a parfois des choses qu'il faut faire dans l'urgence, et qu'il faut essayer de faire de son mieux. Ok. Donc ok pour envoyer les devoirs, les cours, les exercices aux élèves directement etc. parce qu'il n'y a pas le choix. Mais alors tout ce que je demande, c'est que si ça doit se gérer dans l'urgence, alors on pose également des règles d'urgence de type "par contre, les parents, y'a procédure d'urgence donc vous faites pas chier, vous surchargez pas le travail des gens qui font de leur mieux, merci xoxo".
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