Alors oui, un des leviers est la vaccination obligatoire. Mais on est d’accord pour dire qu’on est d’accord la dessus, c’est niet ? J’ai dit « convaincre », pas « forcer ».
Mais pour l’instant, ça ne change pas le problème :
C’est 5 millions de français à risque qui ne sont pas vaccinés. Qu’on retrouvera potentiellement en réa à l’automne, avec ceux pour qui la vaccination n’a pas suffi. C’est très gentil de vacciner à tour de bras les « ados », mais ça ne changera pas grand-chose sur la ligne d’arrivée, ou tout du moins, c’est « gagne-petit » compte tenu de la contagiosité du variant.
J’ai quand même l’impression Madmox que dans ta réponse, tu pars du principe que comme le « plafond de verre » de la vaccination des gens à risque existait avant la vaccination des personnes non à risque, on ne peut pas lier les deux (ou plutôt que l’un ne change pas l’autre), et qu’y mettre plus de ronds, ça ne modifiera rien.
Alors ce n’est pas exactement mon propos, ou en tout cas je n’étais pas assez précis, quand je parle de moyens, c’est : financiers, humains, et aussi de la volonté politique. Parce qu’il y a eu aussi un manque flagrant de volonté. Avoir laissé pourrir pendant des mois la situation avec l’IHUm, le cafouillage avec Astrazeneca, etc. La liste est longue. Et on se retrouve dans une situation où contrairement à nos voisins, on vaccine mieux nos jeunes, mais moins bien nos vieux, et où une partie de nos personnels de santé n’est même pas convaincue du bienfondé de la chose. Dans tous les cas, il est clair et net qu’il y a moyen de faire mieux, la preuve au-delà de nos frontières.
Quant à savoir si la vaccination des « non à risque » est indépendante de celle des « à risque", ça pourrait être le cas. Mais dans les faits, pas sûr. La mise en place du pass sanitaire a incité les Français à se faire vacciner (je considère d'ailleurs que c'est sa principale raison d'exister, je le vois à tord ou à raison comme une mesure d'incitation, et pas comme une mesure de protection). Je crois d'ailleurs que l'effet incitatif s'est majoritairement porté sur les jeunes. Bon, c'était ptet pas la priorité. Mais outre l'incitation, le pass a peut-être aussi tendance à accroître les crispations, et il n’est pas forcément propice à la pédagogie. Ses bénéfices sanitaires réels sont … ben j’en ai aucune idée. Pour moi, en forçant le trait, c'est l'exemple de la mesure qui ne sert à rien. D’autre part, ce qu’il manque, dixit certains spécialistes, ce sont les mesures d’accompagnement dans la vaccination des personnes à risque. Alors, je sais bien qu’il y a des choses qui ont été mises en place (trop) récemment : les centres d’appel, les vaccibus, l’arrivée du moderna, etc., mais est-on vraiment aux du max de ce qu’on peut faire ? Ou on peut encore prendre des ressources à droite pour les redistribuer à gauche, là où c’est le plus urgent ?
Je reste persuadé qu’il est bien plus intéressant et bénéfique de rediriger tous les moyens et faire le forcing sur ces 5 millions de français, même si la marge de progression est faible, plutôt que de se contenter d’une vaccination globale qui s’appuie sur le pass sanitaire (et ses effets de bord). Et oui, je pose en compétition ces 2 visions, non pas parce qu'elles sont intrinsèquement concurrentes, mais parce qu'il semble qu'en france, le gouvernement voit les choses de cette manière.
Et pour une vision vraiment globale, les doses de vaccins seraient plus utiles pour des personnes à risque dans les pays très faiblement vaccinés plutôt que pour des Français qui ne sont pas à risque. Ça semble moralement acquis, d’ailleurs, d’un point de vue strictement pragmatique, il est difficile de ne pas y voir les bénéfices. C’est en tout cas ce que dit le DG de l’OMS, et la France a jusqu’à présent plus ou moins suivi les recommandations de l’OMS. Après, tu as des doutes sur la capacité de la france a redistribué ces vaccins vers d’autres pays, quelle que soit la complexité réelle de la chaine logistique, ou tu penses que la france a besoin que l’OMS vienne lui dire comment faire, où tu imagines peut être des freins structurels... Là encore, c’est peut-être une question de volonté politique.
Quant aux conseillers machin.... Faut arrêter avec ça. Certains de ces conseiller n’ont même pas pensé à l’impact de l’hiver sur le second rebond épidémique, d’autres ont réussi à pondre des systèmes d’attestation et d’interdiction de plus en plus kafkaïen… Bref, on va éviter de spéculer sur l’intelligence et la pertinence des conseillers et des hauts fonctionnaires (au moins en France), ou d’imaginer qu’il n’y a aucun agenda politique qui vient s’insérer là-dedans.
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