boshefarMLG
PARIS, FRANCE
Comment j’ai prograissé en limité
le 08/07/2018 12:04
Bonjour à tous,

Je partage ici un article écrit par un de nos membres (asso MLG),
L'article original est dans le lien ici :
https://www.facebook.com/1174446725956678/posts/1795562217178456/


[Saga : Comment j’ai progressé en limité]


Je m'appelle Rémi Fortier et j'ai eu la chance de gagner un Pro Tour en 2007. Cette victoire inattendue me qualifia pour tous les Pro Tour jusqu'à fin 2008.
A cette époque, les pro tour étaient en format unique, c'est-à-dire en construit ou en limité. Les choses se passèrent bien pour moi, je réussissais suffisamment bien mes Pro Tour en construit et les Grand Prix pour survivre à mes résultats catastrophiques en Pro Tour limité ; ainsi reconduis-je mes qualifications pour tous les Pro Tour de 2009.

Le Point de Rupture

Dans un effort de rendre les Pro Tour toujours plus attractifs pour les spectateurs, il fut décidé que tous les Pro Tour soient désormais mixtes, c'est-à-dire mi-construit / mi-limité. Cette annonce et ses conséquences furent désastreuses pour moi à tel point que j'échoua à renouveler mes qualifications en Pro Tour pour l'année 2010. De manière très emblématique, je sortis pour la petite porte en faisant 0-6 en limité aux Worlds à Rome.

J'aimerais dans cet article partager ce que j'ai appris en limité ces 10 dernières années. Certes, je n'ai gravi aucun Everest en limité depuis 2009 mais je remarque une telle différente entre mon niveau d'aujourd'hui et celui d'alors que j'ai pensé qu'il pouvait être utile à d'autres de raconter le chemin que j'ai parcouru.

Jouer beaucoup
2010 - 2015

Cette période fut particulière pour moi car je repris des études et il m'était difficile de jouer des tournois. En revanche, j'avais tout de même une envie insatiable de jouer que j’épongeais principalement avec des drafts sur Magic Online. Je n'avais aucune stratégie de progression ni tournoi en ligne de mire, juste je draftais pour le plaisir du jeu ce qui m'a fait atteindre plusieurs fois les 300 drafts dans un format donné.

J’ai remarqué que plus mon expérience dans un format était grande, plus le nombre de cartes différentes que je considérais comme jouables s’étoffait et ce jusqu'à atteindre la quasi totalité de l'extension. En effet, avec un si grand volume, j'étais inévitablement confronté à des situations très marginales :
des decks très bizarres nécessitant des cartes très particulières ainsi que des drafts catastrophes où il fallait se rattraper aux branches un peu comme je le pouvais.

Je fus frappé à quel point une carte marginale dans sa situation idéale était nettement plus impactante à ce moment-là qu'une carte à la puissance brute nettement plus élevée dans l’absolu. Le contrecoup bien sûr est qu'une carte situationnelle qui ne voit jamais son moment arriver est très largement inférieure à une carte forte dans l'absolu. Ainsi tout le challenge est d'avoir une compréhension assez fine du format pour détecter ces cas là et s’assurer qu’ils arriveront assez fréquemment pour justifier de jouer une carte « inférieure ».

Fort de cet enseignement et las d’être esclave d’un volume important pour « débloquer » le droit de jouer toutes les cartes de l’extension, je me mis - et je le fais toujours - à incorporer beaucoup plus tôt dans ma préparation un nombre plus grand de cartes différentes dans les jeux que je draft.
Bien sûr, il y a des ratés çà et là dû à cette stratégie de préparation mais j’ai la conviction qu’un entraînement de qualité est forcément ouvert d’esprit quant à la jouabilité des cartes.

Dans la phase de préparation, cela se concrétise par une valorisation plus forte de l’expérience que du résultat. Finalement, il n’est important de gagner qu’au tournoi, seule notre motivation personnelle est impactée par des défaites à l’entraînement.

Pour donner quelques exemples, je choisis parfois de picker une carte plutôt qu’une autre seulement car elle est plus rare et donc que l’expérience avec celle-ci est moins fréquente. Une autre chose que j’essaye de faire est de pousser les concepts plus loin que de raison dans l’objectif de mieux comprendre des cartes marginales et donc de « débloquer » un pourcentage de cartes jouables le plus grand possible pour l’échéance cible, créant de fait une posture radicalement expérimentale.

Multiplier les formats joués
2015 - 2016

Je découvris en 2015 qu’il avait été mis à disposition sur Magic Online d'anciens formats de draft. Ce sont les "Flashback Draft" qui d’ailleurs existent encore et dont l'objectif est de faire baisser le prix des cartes des extensions plus anciennes en augmentant l’offre disponible sur le marché secondaire.

Toujours aussi enivré par le draft et par Magic en général, je jouais à chaque fois entre 10 et 30 drafts de ces formats. C'était une expérience très amusante car toutes les deux semaines il y avait un nouveau format à découvrir. J’étais parfois animé par la nostalgie de revoir un format qui m’avait plu et d’autres fois par l’expérience exotique de découvrir un format que je n’avais jamais eu la chance de drafter.

Cette fois encore, cela ne faisait partie d'aucune stratégie de ma part, je jouais juste pour le plaisir et j'y appris tout de même quelque chose de fondamental.
En effet, Magic se résume parfois à une course à l'innovation. Sachant qu’en parallèle de la saison limité existent aussi les saisons construits et qu’une extension sort tous les trimestres environ, le temps imparti entre la sortie de l’édition et le tournoi en lui-même dépasse rarement le mois, mois durant lequel il faut aussi « casser » le standard ou le modern.

Dans ce type de contexte, ne serait-ce que comprendre quel est le « propos » de l’extension est déjà un facteur clef de succès et toute compréhension plus avancée est un graal difficile à atteindre.

Ainsi, tout l’enjeu est de comprendre l’extension le plus vite possible et le fait d’avoir jonglé entre plusieurs formats durant les « flashback drafts » m’a donné quelques astuces pour accélérer cette compréhension.

Chaque format a un thème global, une idée directrice imposée par la R&D. Cela influe sur le tempo des parties et donc directement sur le squelette qu'auront les jeux du format. J’ai noté que les mots-clefs d’une extension mettaient particulièrement ceci en lumière.

En effet, les capacités favorisent un type de stratégie plutôt qu’un autre. Par exemple, Bloodthirst va donner un bonus à celui qui est en mesure d’infliger des dégâts de manière certaine à l’adversaire à certains tours clés. En conséquence, la valorisation des créatures à 1 mana est naturellement plus haute que dans d’autres formats. Une réaction en chaine commence désormais car la présence de créatures à 1 mana dans son jeu réduit naturellement le nombre de terrains que l’on joue
donc sape beaucoup du potentiel de late-game
donc il y a très peu d’efforts à faire pour les jeux contrôles pour s’assurer d’avoir le late-game,
et sur un autre axe, donc des schémas de course sont inévitables en miroir de jeux centrés autour de la mécanique Bloodthirst.

Chaque conclusion va favoriser ou enterrer certaines cartes. Ne pas avoir besoin d’un late-game puissant limite la puissance des cartes chers ( 6 manas et plus ) au profit des cartes de mid-game ( 4 & 5 manas ). Les créatures avec Vigilance ou Lifelink étant meilleures en situations de course, elles s’en retrouvent plus fortes qu’à l’accoutumée et les boosts qui dégagent les créatures prennent une valeur « gamebreaking » là où ils pourraient n’être que passables dans un format plus lent.

Si l’on suit le même schéma avec Kicker, on peut directement remarquer que tous les jeux ont ainsi naturellement un plan de late-game qui récompense d’avoir plus de sources de mana dans son jeu
donc qu’il faut faire plus d’efforts pour s’assurer le late-game en tant que contrôle.

Ici ce sont les contres et les removals qui émergent car les jeux sont pavés de cartes chères et impactantes. Une carte comme Mind Rot devient plus percutante aussi car l’on a besoin de jouer tous ses terrains et l’on garde nos cartes Kicker en main parfois plusieurs tours dans l’espoir d’atteindre le nombre de terrains cible.

Avoir remarqué le caractère structurant des mécaniques de l’extension permet d’amorcer la compréhension du format avant même de l’avoir joué une seule fois pour peu que l’on fasse ses « devoirs ». Ainsi, cela place le tout premier draft dans une perspective de validation d’hypothèse plutôt que de découverte chronophage de l’extension.

Apprendre des autres
2016 – 2018 and counting

En traînant sur internet, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de contenu disponible sur le limité. Dans ce dernier segment, j’aimerai partager quelques outils que j’utilise et quelques profils que je suis. Ici, afin de prévenir tout conditionnement je ne vais pas les commenter mais seulement les présenter.

Le profil qui crée le plus de contenu à chaque format est surement Guillaume Matignon.
En effet, il partage tous les drafts qu’il joue pour ses préparations sur mtgfrance.com
Voici le topic avec tous ses drafts Dominaria :
http://www.mtgfrance.com/viewtopic.php?f=12&t=37228


Deux articles ont créés chez moi un déclic, l’un de Ben Stark, Drafting the hard way, et l’autre de Ondřej Stráský, Drafting the medium way.
https://www.channelfireball.com/articles/stark-reality-drafting-the-ha...
https://www.channelfireball.com/articles/drafting-the-medium-way/

Récemment, j’ai commencé à consommer du contenu sur Twitch.
La chaine de RyancSaxe m’a particulièrement marqué :
https://www.twitch.tv/ryancsaxe

J’espère que ces quelques mots vous aurait été utiles,

Rendez-vous sur le champ de bataille,

Rémi Fortier.
clapyohandz
making 20lbs of boost daily

le 02/10/2018 10:17
Sympa :)

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