Le "creux" et l'"anti-narratif", c'est justement ça que certains demandent, histoire d'avoir droit à autre chose que le sempiternel pattern de succession de rebondissements nécessaire à la fidélisation du bouffeur d'images moderne lambda qui zappe dès qu'il n'a plus de matière pour alimenter une voracité frénétique et épileptique. Pour certains, la surenchère n'est pas plus "utile" ou satisfaisante qu'un plan de 10 minutes où "il ne se passe rien".
Ensuite, la partie la plus controversée de la saisons 2, c'est pas celle consacrée à la mythologie (qui est la base du truc quand même), c'est plutôt genre l'arc consacré au père Horne et sa fouine des bois, celui avec James et sa MILF, et plein d'autres trucs de remplissage qui ont aucun rapport avec le schmilblick. Ceux qui ont lâché Twin Peaks une fois le meurtre de Laura "résolu" sont certes ceux qui n'ont pas accordé plus d'intérêt à la partie mythologie barrax qu'à la partie polar (et qui n'ont pas accroché à la base du truc, ou qui sont passés à côté (faut le faire, mais y'en a !)), mais aussi ceux qui comme moi ont estimé que la partie mythologie était bien trop diluée au milieu de trop d'histoires à la con.
Or, la saison 3, c'est full mythologie. Comme on est complètement dans le métaphysique, c'est normal que Lynch cherche à insister sur l'intemporel et le bizarre, l'exagération dans les lenteurs et le baroque est donc plus que legit. Surtout que pour le coup, et la boucle est bouclée, l'intensité du contraste est est amplifiée par l'influence d'un environnement audiovisuel contemporain qui cherche globalement à être ultra-réaliste et qui ne parvient pas à sortir du fast forward à haut débit permanent sans lequel les goinfres zappent.
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