En avant propos on m'a dit que quelqu'un avait parlé sur mon petit mot annuel et je suis allé le lire. Il pourra donc constater que cette année encore plus que les autres, j'ai des intentions louables (mais il ne faut pas trop me chercher).
Aujourd'hui donc, c'est la journée de la femme. Je dis bien journée et pas fête à deux balles donc ce n'est pas la peine de vous pointer avec une fleur, une bague ou un camenbert (je dis ça parce qu'on me l'a fait). non non non, ça c'est pour les mamans, les grands mères, les lectrices de Marie Claire ou accessoirement pour emballer si vous êtes à sec ou pressés. Non, aujourd'hui, c'est le jour choisi pour vous rappeler (parce que vous êtes de ceux qui pouvaient quand même vite oublier ça) qu'il y a encore beaucoup de choses à faire pour défendre les droits de la femme partout dans le monde (je précise que la France est aussi dans le monde). Ce n'est donc pas un jour de fête mais plutôt un jour pas très rassurant...
Comme le disait le petit monsieur susnommé, le principal sur le sujet semble acquis et a déjà été bien discuté (pas ici mais bon... il faut s'adapter à ce forum) donc pas la peine d'y revenir. Je ne vais pas faire non plus un plaidoyer pour défendre l'aspect de discrimination positive du calendrier parce que de toute manière, la plupart des gens et même la plupart des femmes (moi comprise) disent que cette journée est en soi une connerie. Je sais aussi que la plupart des mecs ici ne savent que manier un humour de bourrin et que ce sujet va finir dans des histoires de vaisselle, de linge sale, de poubelles à sortir, de t'as-tes-règles ou de galanterie mal ordonnée. Promis, je ne les reprendrai pas comme arguments pour montrer que le machisme est toujours bien présent. Non, j'opinerai gentiment de la tête comme savent si bien le faire les femmes quand elles sont dans le rôle de "Tu es si drôle et grand et fort mon amour" et je me dirais que c'est une manière audacieuse et fine de faire du second degré, signe indéniable d'une intelligence masculine lumineuse, bariolée et fantasque. D'ailleurs, à un moment, le plus sensé d'entre eux finira par rétorquer qu'avec les lois et les protections sociales d'aujourd'hui qui permettent aux femmes une autonomie grandissante, le discours sur des trucs aussi minables et dérisoires que les taches ménagères auquels on vient coller l'égalité des sexes ou des droits, ça ne tient plus debout. Les filles, changez donc de mecs ou restez seules sinon c'est que tout vous convient ! Cette année enfin, pas non plus de grandes phrases, ni de chiffres car tout ce que je pourrais ajouter ici ne ferait que s'enliser dans des détails inutiles et je me vais encore me faire lyncher par ceux qui ne savent pas lire.
Mais de quoi qu'elle parle Blondie alors cette année ? D'égalité comme toujours. L'égalité célébrée aujourd'hui concerne les droits de la femme et le but de cette "égalité" est simplement de remettre chacun à sa place, aussi bien dans le monde social et professionnel que dans un cadre plus personnel, celui du couple. C'est un enjeu qui est bien plus grand qu'il n'y parait et je pense que l'accepter, c'est déjà reconnaitre une limite et en prendre acte comme un constat d'échec. Parce que donner la primauté à la seule égalité, c'est ouvrir la porte à l'idéalisme qui rime tellement bien avec cannibalisme. Alors cette année, quand je dis égalité, je ne parle pas de cette égalité un peu tordue qui voudrait qu'hommes et femmes soient interchangeables en tous plans et tous postes. Une égalité qui voudrait aussi nous faire avaler que nous sommes en route vers une société lisse et parfaite. Une société en porte à faux que l'on retrouve ensuite dans toutes les futilités des images qu'elle nous donne à brouter à longueurs de magazines spécialisés, de reportages ultra-tendances et de grands déballages médiatiques. Même si je crois que nous pouvons jouer avec la futilité des postures femme/homme, jouons-en toute connaissance de cause et aux grandes heures de la vie, sachons juste de quoi est fait l'autre, derrière le masque de l'homme (guerrier-charmeur-protecteur-amant : rayez la mention inutile) ou celui de la femme (objet-aimante-mère-fatale : rayez la mention inutile) et parlons de cette autre égalité, celle de pouvoir partager une forme de sensitivité, dans son double sens : qui est doué de sensibilité, qui a la faculté de sentir, d'éprouver des sensations mais également qui réagit surtout sur le plan affectif, dont la vie affective à une grande importance. C'est une valeur qui ne s'érode pas, contrairement à la tendresse ou au respect. C'est aussi une qualité lourde à porter, parce qu'elle est autant synonyme de plaisirs et de partages que de souffrances, de magnifiques élans que de splendides ratages et qu'il faut souvent l'expérience d'une vie pour espérer la domestiquer un peu. Une égalité plus large et plus humaine peut être.
Bonne journée (de la femme bien sûr)
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