:O je suis d'acc avec Elite :O

DTC

Un projet qui pourrais te faire du bien et a toi et a M-V ça serait ta pendaison

Si tu veux je fournit la corde

Krieg

TG de
TG de
TG de
apéral
dijal

Va jouer dans le mixer, abrutie

Simon dit :
you can't be the target of spells or abilities
Cédric dit :
cool je suis comme le sss
Simon dit :
oui t'es un thon.

:O je suis d'acc avec Elite :O

Esthétique et objectivité

Tu soutiens que la musique d'Evanescence est laide, qu'Amy chante mal, etc. et
tu affirmes que ce ne sont pas là des opinions, mais des vérités. Ce que tu
justifies en affirmant que tout le monde partage ton point de vue. « Tout le
monde » voulant évidemment dire : une large majorité des gens. Car, dis-tu,
quand suffisamment de gens sont d'accord sur une proposition, celle acquiert le
statut de vérité.

Je ne soulignerai que prétendre qu'une large majorité de gens trouve la
musique d'Evanescence laide quand leur album Fallen fut le plus vendu au monde
pendant n semaines peut choquer le sens commun.

Revenons à l'importance que tu sembles accorder à l'opinion de la plupart des
gens, ce que nous appellerons commodément « l'opinion commune », non qu'elle
soit commune à tout le monde, mais qu'une personne choisie au hasard a de
bonnes chances de la partager. Cette opinion commune que tu fais juge du vrai
et du faux.

Voyons, pour commencer, ce que quelqu'un comme Socrate, qui a passé sa vie à
chercher la vérité par la philosophie, pouvait penser de l'opinion commune.
Un petit extrait du Criton :

« Un homme qui s?exerce à la gymnastique, et qui s?y applique
sérieusement, fait-il attention à l?éloge, au blâme, à l?opinion du
premier venu, ou seulement de celui qui est médecin ou bien maître de
gymnastique ?

Criton
Du médecin ou du gymnaste seulement.

Socrate
C?est donc de chacun d?eux seulement qu?il doit craindre le blâme, et
rechercher l?éloge, sans s?inquiéter de la multitude.

Criton
Évidemment.

Socrate
Ainsi, dans sa conduite et dans ses exercices, dans ses aliments et dans sa
boisson, il doit se conformer seulement à l?avis du maître qui s?y
entend, plutôt qu?à celui de tous les autres ensemble.

Criton
Sans doute.

Socrate
Mais, s?il désobéit au maître au lieu de n?écouter que lui, s?il
dédaigne son avis et ses éloges pour écouter la foule qui n?y entend rien,
ne lui en arrivera-t-il pas quelque mal ?

Criton
Comment ne lui en arriverait-il point ? »

Socrate défend l'idée, évidente, que concernant un sujet quelconque, il n'y a
pas à considérer l'opinion d'une multitude ignorante, mais qu'il faut lui
préférer celle du spécialiste. Pour prendre un autre exemple, prend une
position compliquée d'une partie d'échecs : d'un côté, interroge mille
amateurs pour avoir leur opinion sur la position, de l'autre, interroge un
grand maître comme Kramnik : à la voix de qui donneras-tu le plus de poids ?
Nous concluons de ceci : a priori, l'opinion de quelqu'un qui n'y connaît rien
ne pèse rien.

Je vois venir l'objection : il est question de domaines techniques, ou la
vérité est accessible par le raisonnement, et l'esthétique est hors de
portée du raisonnement. Nous avons tout de même établi que l'opinion de la
majorité des gens peut très bien n'être d'aucune valeur, dans certains
domaines au moins.

Ainsi, le meilleur poids qu'on puisse donner à l'opinion commune, c'est : «
Dans les domaines où le savoir, l'expérience, la technique et la preuve
n'apportent pas de réponse, c'est l'opinion commune qui détermine la vérité
».

Mais comme nous allons le voir, c'est encore lui donner trop d'importance.

Concernant la musique ne faut-il pas prendre davantage garde à l'avis des
musiciens, a fortiori des grands musiciens ? Car s'il y a dans l'opinion
commune quelque vérité absolue sur la musique, on peut raisonnablement croire
que, ce qui la plupart des gens sauront, les grands spécialistes le sauront
aussi.

Voici un (contre-)exemple :
Glenn Gould, un nom dans l'Histoire de la musique, un pianiste canadien dont
l'enregistrement des Variations Goldberg est resté dans les mémoires comme un
des paroxysmes de l'interprétation de Bach. Tu ne trouveras aucun pianiste au
monde qui ignore son nom. Cet homme-là, ce géant du piano du XXe siècle
détestait une large partie de la musique de Mozart, comprenant quasiment
toutes les oeuvres de la fin de la vie du prodige allemand. Pourtant, certains
de ces morceaux sont extrêmement populaires, parmi les plus célèbres du
répertoire classique. Que faut-il croire ? Que la quasi-totalité des gens
s'est trompée en trouvant belle une musique en réalité laide ? Ou qu'un
spécialiste si l'en est n'a rien compris ?

Gould était autant étonné de l'admiration de Mozart que les amoureux de
Mozart peuvent l'être de l'opinion de Gould :
« je n'arrivais pas à comprendre comment mes professeurs et d'autres adultes
que je connaissais, qui avaient apparemment l'air d'être sains d'esprit,
pouvaient voir dans ces oeuvres quelques-uns des trésors de la musique
occidentale. Je crois que, jusqu'à treize ans environ, j'étais à peu près
persuadé que tout le monde voyait tout comme moi. Par exemple, il ne me serait
jamais venu à l'esprit que quelqu'un puisse ne pas partager ma passion pour les
ciels gris et couverts ; et ce fut un choc de découvrir qu'il existait des gens
qui préféraient le soleil. Encore aujourd'hui, c'est quelque chose qui me
semble incompréhensible, mais c'est une autre histoire... »

Si nous ne voulons pas déchoir de toute valeur l'opinion commune, il faut
croire que Glenn Gould se trompait. Incroyable ! Concernant Mozart, il y avait
une vérité (sa musique est belle) et l'un des plus grands pianistes de tous
les temps, malgré l'insistance de ses professeurs, malgré l'écrasante
majorité de ses contradicteurs, malgré sa propre expérience et malgré sa
propre volonté de connaître et comprendre l'oeuvre de Mozart (il a
enregistré toutes les sonates pour piano), cet homme-là n'a pas pu trouver
cette vérité. Comment se fait-il que tout un chacun puisse trouver une
vérité quand le spécialiste le mieux placé en est totalement incapable,
malgré sa bonne volonté et bien que tout le monde semble-t-il, lui ai
révélé cette vérité ? C'est tout simplement impossible.

La seule conclusion (car si certaines oeuvres de Mozart n'étaient pas aimées
de Glenn Gould, il s'est trouvé d'autres spécialistes pour les aimer), la
seule conclusion, c'est qu'il n'y a pas de vérité.

« Le beau est ce qui plaît sans concept », disait Kant. Par là, il voulait
dire que, pour trouver quelque chose beau, il ne faut pas raisonner, le beau
plaît sans qu'on y réfléchisse ; quand on écoute une sonate, on n'a pas
besoin de réfléchir pour savoir si elle nous plaît ou pas. Aucun
raisonnement, aucune preuve n'établira qu'un morceau de musique nous plaît,
autre que la preuve expérimentale qui consiste à l'écouter et à réagir
émotionnellement. On ne peut pas enseigner « Telle chose est belle et va vous
plaire ». Et par conséquent, nul autre que nous-mêmes ne peut déterminer ce
qui est beau pour nous. Vouloir établir une vérité esthétique est vain.
Aucune preuve que le soleil est plus joli que les nuages n'aurait jamais
convaincu Glenn Gould. De gustibus et coloribus, non disputandum. Quant à
l'opinion commune, elle ne vaut rien.

PS : entre autres critiques d'Evanescence, tu dis : « Amy chante mal », ce que
tu prouves également par l'autorité que tu confères à l'opinion commune. A
nouveau, je doute que la plupart des gens partagent ton point de vue, mais
passons sur ce point. Si « Amy chante mal » critique la voix d'Amy, c'est un
jugement purement esthétique et nous avons établi qu'il n'y a pas de vérité
esthétique. Si « Amy chante mal » critique sa technique vocale, c'est à un
professeur de chant d'en décider.

« Le beau est ce qui plaît sans concept », disait Kant.

=>preuves ?

Et si tu louais un cerveau, demeuré