Dehors,
il y a des fous qui font la sourde aurore, des songes trop tôt coupés en tranches, des abris de béton vides de ceux qui errent déjà, des portes qui baillent sur des dedans cariés et des courses de trottoir tête baissée et départ à plat lit.
Dehors,
il y a des trains de règles qui entrent en gare aux heures de bureau, des autobus affaissés qui posent sur le monde de longs regards blafards et des marées bien ordonnées qui jettent leurs paquets de jambes sur d’étroites plages horaires.
Dehors,
il y a de la vigilance dans l’air en morceau, des pannes de vie qui imposent l’asphyxie lente, des bouches plates qui écrasent des joues sèches, des parois vitrées qui s’ouvrent sans poussée, des femmes sans fond avec des yeux aveugles collés au rimmel.
Dehors,
il y a des alarmes de jour qui sonnent sur des nuits sans sommeil, des mains relavées dans l'ordinaire jusqu’à épluchage complet de toute douceur, des plateaux repas qui repassent en valse rance et des silences à souder les dents affamées.
Dehors
il y a des lèvres rouges comme des abcès durcis, des gouffres de stress où planent des zeppelins gonflés d’arrogance, des poissons phrases qui flottent dans des hygiaphones classifiés et des échographies de la dualité des ondes et des corps.
Dehors,
il y a des feuillets cryptographiques aux équations de braille jaunies, des mains sales qui pressent des mains douteuses, des numéros myopes en bas de page, des poussières douceâtres et fades, des retombées d'atomes perdus, des cimes illusoires, loin, loin, très loin de nos secousses orogéniques.
Alors restons couchés, veux-tu ? Abandonnons-nous au temps dévoreur de jours et de nuits. Prête-moi la fournaise de ta langue spirale qui accélère nos bouches. Donne ta langue au chat qui te poursuit. Donne-la moi, ta langue de feu follet. Touche mon haleine, mouille-toi tout entière dans mon étreinte, dénude-toi de ta peau électrique que la pluie n’humecte plus. Ruisselle, transpire, laisse-moi me glisser entre tes bras de velours mouillé et laper la moiteur des creux de ton corps. Rejoins le grain de ma peau de folie et raconte-moi encore une fois, dans les convulsions de mes hanches moulées contre les tiennes, la marche folle de tes fantaisies. Pour ça, ça et même sans ça, restons sous les draps du plaisir, encore une heure, un jour ou un siècle.
|