Citation :
Je l'écoute en boucle depuis maintenant une heure.
Ah bah alors ça va.
Ce morceau, ce n'était qu'un vague souvenir glauque de mon enfance ("glauque" pléonasme : ça date des années 80).
Et puis dans ma vingtaine, genre vers 24 ans, par l'odeur du soufre alléché, j'ai eu envie de le rechercher. Le frisson du sordide, les eighties dégueulasses, la laideur. Le ringard comme fondateur de misanthropie.
Les premières visions étaient horrifiques. Dégueu, ringard-concept-mes couilles expé Ecole d'Art, synthé froid, rythmique caoutchouc, paroles merdiques d'artistes 80s qui fantasment sur le futur.
Et puis...c'était tellement "moche" que j'arrêtais pas de l'écouter. Artistique. Le Beau n'est pas forcément synonyme d'esthétisme, comme on regarde Irréversible ou comme on écoute du harsh-noise grindcore. Concept. Et dans le concept du "glaçant sordide", c'est super réussi.
Très réussi.
Hyper mélodique, groovy, glaçant.
Non sous cet angle là, ce morceau est une tuerie.
Par la suite, j'ai largement creusé le sillon de la new-wave/cold-wave/no-wave/kamoulox-wave et les affres de la musique sombre mais toujours le "fade to grey" de Visage, ce side-project dont l'album ne recèle tristement aucun autre bon morceau, reste comme un emblème. Intouchable et terrorisant.