Un mot.
Si par hasard il vous venait l'idée
que cette herbe où je dors, de rosée inondée
est faite pour subir n'importe quel pied nu
Et que ma solitude est au premier venu,
Si vous pensiez entrer dans l'ombre où je séjourne
sans que ma grosse tête au fond des bois se tourne
Si vous vous figuriez que je vous laisserais
tout déranger, percer des trous dans mes forêts
Ployer mes vieux sapins, et casser mes grands chênes
Mettre à la liberté de mes torrents des chaînes,
Chasser l'aigle, et marcher sur mes petites fleurs
Que vous pourriez venir faire les enjôleurs
Chez les nymphes des bois qui ne sont que des sottes
Que vous pourriez le soir amenez dans mes grottes
La vénus avec qui tous vous vous mariez
Que je n'ai pas des yeux pour voir, que vous pourriez
Vous vautrez sur mes joncs où les dragons des antres
Laissent en s'en allant la trace de leurs ventres,
Que vous pourriez salir la pauvre source en pleurs
Que je vous laisserais, ainsi que des voleurs
Aller, venir, rôder dans la grande nature
Si vous imaginiez cette étrange aventure,
Qu'ici je vous verrais rire, semer l'effroi
Faire l'amour, vous mettre à votre aise chez moi
sans des soulèvements énormes de montagne
Et sans vous traiter, vous Prince et vos compagnes
Comme les ours qu'au fond des halliers je poursuis
VOUS ME CROIRIEZ PLUS BETE ENCOR QUE JE NE SUIS ?
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