Citation :
Shojo Kissa, c'est l'endroit préféré des filles de DozoDomo. Un salon de thé où il fait bon se retrouver autour d'un lait-fraise et d'un miru-crepu. Régulièrement, elles y viennent pour nous livrer leurs sentiments sur le lien qui les unit au Japon, échanger avec de nouveaux amis et partager un peu de leur passion. Ce qui fait leur force, c'est qu'elles n'ont pas de tabou, et encore moins la langue dans leur poche. Alors prenez dès maintenant votre carte de fidélité et ne manquez plus leur rendez-vous incontournable !
LE VIOL AU JAPON: DES DONNÉES SOUS-REPRÉSENTÉES ?
MARDI 5 JUILLET 2016 / PHOEBÉ LEROYER
« Vous n'avez rien à craindre, c'est le Japon ici », voilà ce que mon employeur me déclarait encore l'année dernière pour que j'accepte de travailler jusqu'à 22h. En effet, avec 370 homicides enregistrés en 2013, et 3 324 vols à l'arraché selon le dernier rapport de UNODC, l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, le Japon s'impose comme l'un des pays où le nombre de crimes par habitant est l'un des plus faibles au monde, avec un taux de criminalité de 0,29% par tranche de 100 000 personnes. A titre comparatif, la France, dont la population nationale est deux fois plus petite que celle du pays du soleil levant, enregistrait 777 meurtres et 124 657 vols cette même année, pour un taux de criminalité avoisinant les 1,2%. Rien d'étonnant donc à ce que les agressions sexuelles sur l'archipel soient, selon les données, elles aussi plus faibles que dans de nombreux pays occidentaux. En 2003, le Japon comptabilisait 2 472 viols quand la France en enregistrait 10 408. L'écart entre les deux pays tend même à se creuser puisque 1 409 viols ont été déclarés en 2013 au Japon, là où la France en comptait 11 171.
Pourtant lorsque l'on cherche un peu, on comprend que le pays « le plus sûr du monde » comme aime à le rappeler le ministère des affaires étrangères japonais, n'est pas si paisible que cela. Si les données qui se rapportent aux viols commis sur les femmes sont si faibles, ce n'est pas forcément parce que le Japon dénombre moins d'agresseurs sur son sol que d'autres pays à niveau de développement égal. Derrière ces chiffres minces, se cache en réalité un système juridique et social qui pousse à murer les victimes dans le silence.
Un système judiciaire bancal
Selon une étude du Cabinet Office Survey (L'institut japonais des sondages) réalisée en 2011, 70 % des viols subis ne seraient pas reportés aux autorités. Parmi les rares cas faisant l'objet d'une déclaration, seul 30 % déboucherait sur une procédure judiciaire.
A l'origine première de la sous-déclaration des abus sexuels, une définition pénale du viol précise que de nombreux cas d'agressions ne permettent pas de recourir à la Justice. En effet, selon l'article 177 du code pénal japonais, « une personne qui a des relations sexuelles avec une femme de plus de 13 ans, en utilisant la violence ou des menaces, peut être accusée de viol et condamnée à une peine d'emprisonnement d'au moins trois ans. Les mêmes sanctions s'appliquent à une personne ayant un rapport sexuel avec une femme âgée de moins de 13 ans ». En revanche, les abus sexuels sur une femme inconsciente, agressions où la victime n'a pas le temps de réagir, transmissions volontaires de MST (maladies sexuellement transmissibles), ou encore abus d'un homme, tous ces crimes ne sont pas reconnus comme tels sur l'archipel, et ne peuvent donc donner suite à une procédure pénale.