A TOUS CEUX QUI NE SAVENT PAS QUOI PENSER DE L'INTERVENTIONNISME AMÉRICAIN EN SYRIE SI CA PEUT ALIMENTER VOTRE RÉFLEXION
31 Mars, Les USA semblent s’accommoder du régime de Bachar Al-Assad. (Nous sommes 6 jours avant le bombardement américain d'une base Syrienne). Plusieurs articles dans la presse française, anglaise et américaine semblent indiquer que les rapports Assad-USA s’assouplissent.
Le maintien d'Assad (le monde)
Le maintien d'assad (new york times)
Ce signe d'apaisement arrive après 4 ans d'opposition fluctuante. Les tensions entre les États-Unis et la Syrie avaient atteint leur paroxysme en 2013.
Petit rappel historique :
La presque-intervention de Barack Obama en Syrie en 2013 était motivée par l'attaque chimique au gaz sarin de la Ghouta (Syrie, Sud du pays) responsable de la mort 1400 personnes. C'est de cet évènement qu'est parti la demande de Washington aux Russes, davantage impliqués militairement dans le conflit de s'assurer la destruction de l'ensemble des armes chimiques sur le territoire syrien. Les efforts russes étaient accompagnés de l'enquête de l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) chargée de vérifier la destruction/déplacement des armes chimiques en Syrie. En 2016, c'est officiellement chose faite.
le figaro, destruction totale des armes
Mais sommes-nous surs que l'attaque de la Ghouta (2013) a été perpétrée par Bachar Al-Assad et non par les milices « modérées » qui combattaient au coté des Etats-Unis (entre autre) ?
le monde, l'enquête qui soulève des questions
A noter que Seymour Hersh est un journaliste d'investigation qui a reçu le prix Pullitzer pour son travail pendant la guerre du Vietnam et que c'est lui également qui a dénoncé le traitement ignoble des prisonniers de la prison d'Abu Ghraib en 2004 en Irak, par l'armée Américaine (
Seymour Hersh).
Je suis pas spécialement pour les arguments d'autorité mais je signale juste le sérieux du bonhomme.
Autre remise en cause, une enquête du MIT semble montrer que l'attaque pourrait tout aussi bien venir des rebelles que des zones tenues par le gouvernement d'Assad. Cette enquête n'ayant été relayée que par des sites réputés propagandistes pro-russes, je vous mets ci-dessous le résumé de la page Wikipédia. J'ai enlevé les numéros des références pour fluidifier la lecture, si vous êtes intéressés, passez directement sur le wiki.
«En janvier 2014, Richard Lloyd, ancien inspecteur de l'ONU spécialiste des missiles, et Theodore Postol (en), professeur au MIT, publient un rapport de 23 pages selon lequel le régime syrien ne peut être tenu responsable du massacre. Ils ont pour cela étudié des « centaines » de photos et des vidéos d'ogive, de restes de roquettes, d'impacts sur le sol, et de barils contenant le gaz sarin, publiées sur Internet, et se sont livrés à une analyse physique interne qui a permis, selon le docteur George Stejic, directeur des laboratoires Tesla qui emploient Richard Lloyd, d'établir le volume de gaz sarin utilisé, la portée des missiles, leur direction ainsi que l'endroit d'où ils ont été tirés. Le rapport contredit le rapport américain, notamment en affirmant que les roquettes tirées étaient de courte portée, une conclusion que François Géré, directeur de l'Institut français d'analyse stratégique (Ifas), juge « crédible », d'autant plus qu'elle est évoquée par le rapport final de l'ONU. Or, le rapport américain affirme que les roquettes ont été tirées depuis le « cœur » du territoire contrôlé par le régime à Damas : au contraire, tout point situé à deux kilomètres des impacts se situe en territoire rebelle. Mais d'après François Géré et Olivier Lepick, il est probable que le régime ait avancé ses vecteurs de lancement au plus près des positions adverses, pour réduire le temps de passage au-dessus de ses propres troupes et ainsi diminuer les risques de bavure. Olivier Lepick considère par ailleurs que « la simultanéité des attaques et la quantité de Sarin utilisé rend très peu plausible le fait que la rébellion ait pu mener ces attaques », et doute que la rébellion « dispose du savoir-faire tactique nécessaire ».
En juin 2014, dans un éditorial du journal Le Point, Franz-Olivier Giesbert affirme, en citant Richard Lloyd, que seuls les rebelles djihadistes ont pu perpétrer l'attaque chimique de Ghouta. Il accuse notamment le quotidien Le Monde et le gouvernement français, d’avoir désigné sans preuves, afin de justifier d'éventuelles frappes à venir, le régime de Bachar al-Assad»
ATTENTION cependant, aucun rapport ne faisant consensus, je ne conclus pas que les « rebelles » sont responsables, je pointe simplement du doigt le flou autour de cette attaque, qui n'a jamais été relaté par l'administration américaine.
Mardi 4 avril, 5 jours après la vague d'articles sur l'apaisement des relations Américano-Syriennes, une attaque chimique meurtrière a lieu à Khan Cheikhoun, faisant entre 60 et 100 morts. Cette attaque menée avec du gaz sarin pourtant officiellement détruit en Syrie est immédiatement imputée à Bachar Al-Assad.
attaque chimique damas incriminé
même chose, vu pas the independent
Provoquant une vague d'indignation internationale unanime, cette attaque motivera l'intervention militaire de l'administration Trump durant la nuit de jeudi 6 Avril, soutenue par la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne...
Soutien de Hollande et des allemands
Elle sera suivi d'un durcissement des relations russo-américaines, les Etats-Unis blâmant les russes pour l'échec de contrôle des armes chimiques en Syrie.
Le ton monte entre Tillerson Lavrov
Il est important de se souvenir que par le passé, nombre des bombardements meurtriers ayant eu lieu au court du conflit syrien ont eu du mal à être attribués aux régime de Bachar Al-Assad ou aux Russes, les modèles d'avion étant souvent similaires et les bases aériennes/plans de vol utilisées par les avions Russes et Syriens étant identiques.
« Des bombes à sous-munitions ont aussi été massivement utilisées dans des zones densément peuplées aussi bien par l’aviation syrienne que par l’aviation russe. L’une et l’autre visaient les hôpitaux et les écoles dans Alep-Est. « Elles ont généralement utilisé les mêmes appareils et les mêmes armes, ce qui empêche d’attribuer les faits dans beaucoup de cas », affirme le rapport.»
L'article du monde sur le rapport de l'ONU d'où c'est tir&e...
Il faut aussi évoquer la thèse selon laquelle l'origine du gaz sarin pourrait être l'explosion d'une usine proche (thèse actuellement écartée, mais à prendre en compte dans le regard global sur le conflit).
La thèse de l'usine
On peut aussi se demander quel est l'intérêt de Bachar Al-Assad de commettre une telle atrocité, juste après ce qui semblait être une accommodation de l'occident à sa présence à la tête du régime syrien...
(
Attention, il ne s'agit pas ici d'affirmer que Bachar Al-Assad est innocent, mais de montrer que il y a des raisons de ce poser des questions sur la manière dont les informations relatives à la situation syrienne semblent claires selon les médias occidentaux quand, de toute évidence elles sont opaques et complexes).
… Alors que les intérêts des américains eux, semblent bien plus évidents. Dans ce conflit sur lequel ils n'ont plus aucune influence, au sein d'une région dominée par l'influence russe, ce crime récent leur a assuré le soutien de l'opinion publique américaine ainsi que celles de leurs alliés leur permettant un retour en force dans la région et une réponse dure qui crédibilise les États-Unis en tant que superpuissance militaire, crédibilité mise à mal par le conflit syrien et l'insolence de la Corée du Nord. Sans compter qu'ils voient d'un mauvais œil l'implication des russes dans les affaires Libyennes.
La russie étend son influence à la Libye
Cette méfiance peut sembler exagérée ou malvenue vis à vis d'un pays allié de la France mais ce ne serait pas la première fois que les États-Unis s'engagent dans un conflit à l'aide de procédés malhonnêtes.
Petit Rappel historique (Je ne citerai que deux exemples mais il y en a bien davantage (Vietnam, Cambodge, Libye (controversé), Nicaragua...) :
- En 1990 pour motiver une intervention américaine au Koweït durant la seconde guerre du Golfe, ou guerre du Koweït (qui venait d'être envahi par l'Irak), les États-Unis ont du faire de très gros efforts pour se mettre l'opinion américaine dans la poche, après le traumatisme du à l'engagement américain au Vietnam. Pour cela ils ont monté de toute pièce le témoignage poignant d'une petite fille qui a vu les soldats Irakiens arracher les bébés des couveuses dans les hôpitaux occupés pour les laisser mourir sur le sol glacé.
Le témoignagede Nayirah
Or, il est apparu par la suite que cette jeune fille était en réalité la fille de l'ambassadeur du Koweït au États-Unis. Elle a réalisé un faux témoignage au Congrès Américain pour justifier l'effort de guerre américain.
la vérité complexe sur l'affaire
- En 2003, pour justifier l'intervention militaire américaine en Irak, Colin Powell a menti au Congrès et à l'ONU, modifié des conversations, fabriqué des preuves... tout ça dans le but de faire accepter l'idée d'une guerre en Irak aux américains, frileux d'une nouvelle intervention militaire après celle d'Afghanistan. Le lien ci-dessous reprends l'ensemble de l'affaire.
Les dessous des mensonges de Powell
Ces procédés malhonnêtes établis et prouvés me font m'interroger. Il me semble légitime de rester vigilant et sceptique vis à vis de la communication de Washington sur leur interventionnisme intempestif, toujours motivé par de « nobles » raisons.
Le but de cet « article » est de vous préparer à un potentiel retour des Etats-Unis dans le conflit syrien, potentiellement motivé par de mauvaises raisons. Restez intellectuellement attentif.
Rostaim Yavari